Deux semaines, c’est bien peu pour découvrir un pays. De la Birmanie, je n’ai à partager que quelques impressions, fortes ou fugitives. C’est ce que vais essayer de faire pendant les prochains jours.
Myanmar, l’appellation officielle internationale anglaise et française imposée par la junte militaire au pouvoir étant réfutée par l’opposition démocratique, j’ai choisi d’utiliser le nom Birmanie.
L’opposition, en ces jours de Mars 2012, semble très présente. La photo de son symbole, « The Lady », Aung San Suu Kyi, secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie, orne les kiosques et les boutiques, elle est affichée sur les métiers à tisser des ouvrières, sur les établis des joailliers, sur les étals des marchés.
Réelle ouverture ou ultime manipulation d’une junte cruelle qui, depuis des décennies, persécute, emprisonne, assassine ses opposants et n’a pas hésité, en 2007, à massacrer les moines qui défilaient pacifiquement pour soutenir une population affamée ?
Ma première impression est celle d’un pays à l’abandon : routes défoncées, système ferroviaire épuisé, dangereux, terres agricoles délaissées ou exploitées avec de si médiocres moyens que la terre, pourtant fertile, ne produit que de faibles récoltes, misérables cabanes de palmes branlantes, bétail efflanqué. Plus tard, nous séjournerons dans des zones plus prospères et l’impression d’extrême pauvreté ressentie les premiers jours se nuancera.
Les richesses sont bien cachées, dans la nouvelle capitale, Naypyidaw, construite en 2005, au centre du pays, loin de tout, truffée de militaires, divisée en zones protégées, à l’abri des regards du peuple, dans les faubourgs élégants de Rangoon, derrière les hauts murs des villas des dignitaires, dans les cités de villégiature.
Je m’attendais à découvrir un pays coupé du monde, isolé, privé d’Internet mais depuis quelques mois les restrictions sur les moyens de communication ont été partiellement levées. On trouve facilement des Internet Café et presque tous les hôtels où nous résidons proposent une connexion, lente mais stable. Liberté d’expression ? Non, grâce aux logiciels de surveillance d’Alcatel, la junte écoute et contrôle tous les échanges. La haute technologie offre désormais aux dictateurs d’extraordinaires outils de surveillance et les firmes occidentales ne barguignent pas pour vendre leur savoir faire.
Au fur et mesure de notre voyage et même si notre parcours n’a rien d’original – pour un premier séjour nous avons choisi de visiter les lieux mythiques, incontournables, superbes : Rangoon, Mandalay, Bagan, le lac Inlay- je découvre l’ingéniosité de ses habitants, leur ineffable gentillesse, leur sérénité, la puissance de leur foi bouddhiste, l’amour qu’ils portent à la terre d’or.
Pourtant, je sais qu’ils vivent dans la peur. J’en déchiffre parfois les signes. Comment vit-on sous une dictature aussi impitoyable ?
Ces enfants qui travaillent sur les routes, manipulant l’asphalte brûlant, quel sera leur avenir ?
Les différentes minorités ethniques, écrasées, maltraitées connaîtront-elles enfin la paix ?
Qu’en sera-t-il de cet espoir de démocratie qui vibre à chaque coin de rue ?
”Sans les droits de l’Homme, sans que le peuple ne soit libéré de la peur, un système démocratique ne peut pas être établi et développé” a déclaré hier Aung San Suu Kyi, candidate aux élections législatives, lors de son premier discours, partiellement censuré, diffusé par la télévision nationale.
9 commentaires sur “1. Impressions de Birmanie”
J attendais ton retour parce que je savais qu’il y aurait un reportage magique sur ton blog.
Avec ta façon de capter l’ambiance, le sourire, la gravité des faits tu enchantes nos petites vies grisatres.
Merci Céleste
Michelle
Merci à toi Michelle 🙂
Et je ne vois comme “Céleste” aucune sorte d’ironie dans votre commentaire!!!
Dans les Voyages, c’est aussi le retour qui compte.
Le retour et le partage.
Hâte de lire tes billets (et photos) suivants.
Merci Bibi 🙂
Le retour est la partie du voyage que j’aime le moins, heureusement, le partage le fait revivre 🙂
Je regarde tes photos… et j’ai l’impression d’y être. Comme si rien n’avait changé depuis 2005 quand j’y suis allée, c’est fou…
Je n’en ai jamais entendu parlé alors que j’aime lire tout ce qui touche à Birmanie. Merci. A plus, Max.
J’aime bien cette race…..
hola,
Debo admitir que antes no me molaba mucho
elblog, pero con los ultimos posts estoy siguiendolo mas a menudo y me esta gustando mas.
Bien hecho!