3. Birmanie : moines, pagodes et Nats

Pratiqué depuis des siècles par environ 90% des habitants du pays, le bouddhisme Theravada imprègne considérablement la société et la culture birmanes. La proportion de moines dans la population et celle du revenu consacré à la religion en font le pays bouddhiste le plus religieux du monde.

Chaque ville, chaque village a une pagode et un monastère, lieu de culte, lieu d’enseignement car les enfants Birmans effectuent une période de noviciat. Le crâne rasé, vêtus de la longue robe, rouge sombre pour les garçons, rose pour les filles, ils séjournent au monastère et doivent respecter dix vœux.


Une fête, le Shinpyu, marque le début du noviciat. Richement parés, portant des habits de lumière, royaux, les enfants, assis dans des carrioles avec leur famille puis juchés sur des chevaux, défilent dans les rues. On leur rase le crâne, ils revêtent la robe et la communauté partage un repas.
Un rite initiatique tel qu’il en existe dans d’autres religions, fastueusement fêté  par les familles.

Cette période passée au monastère marque profondément les Birmans. Les moines, ce sont eux-mêmes et les liens entre la communauté religieuse et le peuple sont extrêmement forts.

Même les plus pauvres, les plus démunis, offrent aux monastères, aux moines, de la nourriture, de l’argent, des fleurs, du temps. Dans le bouddhisme Theravada, une condition est essentielle, le don. « Tout acte porte un fruit » et chacun doit accumuler les bonnes actions, les mérites, afin d’effacer les mauvaises et d’améliorer la future renaissance, sur le chemin du nirvana, lieu de la permanence et de l’absence de douleur.

Mais si les Birmans confient leur vie future à Bouddha c’est aux Nats qu’ils s’adressent pour les mille et un problèmes de la vie quotidienne.


Spécifiquement birmans, les Nats sont des esprits. Certains sont ceux d’êtres humains ayant connu une mort violente, d’autres sont des divinités animistes. On les révère dans les pagodes où de nombreuses statues les représentent, dans les maisons, sur les autels de villages.
Au début du premier millénaire, le roi Anawratha, fondateur du royaume de Bagan qui verra la construction de centaines de pagodes, essaya de se débarrasser des Nats en interdisant leur culte et en détruisant les autels.
Ce fut peine perdue, ils entrèrent en clandestinité.
Malin, il décida alors de les intégrer à la pratique du bouddhisme. Il limita leur nombre à 36 et en créa même un nouveau, Thagyamin, le roi des Nats, consacré gardien de Bouddha.
Depuis, les deux croyances, imbriquées l’une dans l’autre, ont traversé les siècles.

Construire autant de pagodes, en recouvrir certaines d’or, sculpter d’innombrables statues de Bouddha et de Nats a demandé de la part du peuple un effort considérable.
Derrière chaque pagode, il y a eu des artisans, des ouvriers, d’humbles travailleurs qui ont abattu les arbres – des forêts entières ont été détruites, altérant définitivement le climat de certaines régions- pour cuire les briques que d’autres avaient façonnées et, à la consécration des plus prestigieuses, le pouvoir a ordonné que des hommes, des femmes, des enfants, soient enterrés vivants.
Les tyrans ont toujours su détourner les religions pour asservir.

Car le bouddhisme, au contraire, prône la non violence, il incite à la médiation, à la tolérance, à la sérénité.

La douceur des Birmans n’est pas une légende. La tranquillité se lit sur les visages et dans les attitudes. L’étranger est gentiment accueilli et ne semble pas perçu, comme parfois ailleurs, comme une ressource ambulante dont on peut profiter.

Dans les pagodes, les croyants déambulent paisiblement, se recueillent devant les autels et les statues, déposent des fleurs, brûlent des bâtonnets d’encens, méditent, discutent avec les bonzes, et autant par compassion que par sympathie, sourient aux étrangers qui passent car cette vie n’est qu’une étape, alors autant faire en sorte que la prochaine soit agréable.

 

 

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