Le dos légèrement courbé, elle est assise face aux centres commerciaux, ses mains, longues et maigres, reposent inoccupées sur ses genoux.
Des mains de rapace.
Comme des griffes.
Regard vide, sourire figé.
Un alien, un ange destructeur.
Une énorme poupée délaissée que l’on a cessé d’aimer et qui, surprise d’un désamour qu’elle a, par sa cruauté, sa froideur, son avidité, elle-même provoqué, attend et ne sait que faire.
Son nom : Dollar.
Sculpture monumentale de Lolay, un jeune artiste thaïlandais, elle est installée sur le parvis du nouveau Bangkok Art and Culture Centre de Bangkok, au cœur de Siam, le quartier moderne de la ville. Devant elle, des Skytrain se croisent en silence, les passants se pressent et s’engouffrent dans le MBK, énorme centre commercial, les voitures défilent sur la chaussée, à la hauteur des étals de fruits, de brochettes ou de colifichets, tenus par les humbles, ceux qui n’utilisent pas le train d’acier et de verre, trop cher pour eux.
La construction du musée dédié à l’art contemporain, belle et large tour dont les onze étages de forme hélicoïdale donnent sur un lobby interne, a duré des années mais apparemment c’est une réussite. A l’intérieur des expositions, des films, des boutiques d’art, une bibliothèque, des espaces d’étude.
De chaque côté de l’entrée, deux autres sculptures de Lolay. Mi-robots mi soldats, sur l’un est écrit 1914, sur l’autre 1939. Leur auteur ne doit pas aimer la guerre.
Au premier étage nous admirons une exposition de dessins d’enfants, magnifique illustration de la vie quotidienne thaïlandaise.
Alors que Fabio photographie les dessins, une jeune femme s’approche, nous désigne des fillettes qui l’accompagnent et nous explique que leurs dessins sont exposés. Nous faisons la connaissance de Prueksachart, Sarita et Raweekan. Nouvelle séance de photos, sourires et rires, échange d’adresses.
Plus haut, dans la boutique d’Empower, une association de Sexworkers qui se battent pour leurs droits, j’achète deux teeshirts, sur l’un est écrit « Good girls go to heaven, bad girls go everywhere », sur l’autre : « The power we share, the power we have ».
Puis nous parcourons une exposition de wall painting. Superbe !
Des adolescents prennent la pose devant les peintures géantes, rient, s’amusent.
Nous terminons la visite, gratuite, en découvrant les maquettes et dessins sélectionnés pour New Thai Parliament Design Competition.
Faute de temps nous ne reviendrons pas le soir pour assister à la projection de films tibétains, dommage !
4 commentaires sur “Bangkok Art and Culture Centre”
J’aime beaucoup les slogans écrits sur tes nouveaux t-shirts ! tu n’auras pas le temps d’en rapporter pour les copines, j’imagine, dommage, dommage…
et encore merci de partager tout ça 🙂
Je connaissais la version française : “les filles sages iront au paradis, les autres iront où elles veulent”
Contrairement à certains, ne fonctionnant pas sur la nostalgie, j’aime ce Bangkok qui n’est pas le mien. Longtemps que je n’y suis pas allé. Mais ce sera bientôt réparé.
Merci pour cette vision non touristique… as usual.
@salut Ko 🙂
Tu as tout à fait raison, j’aurais dû en acheter une cargaison mais on a toujours un problème de poids de bagage.
Next time
@christine 😉
C’est une phrase connue, apparemment un proverbe américain, le titre d’une chanson aussi.
Je crois que je préfère la version anglaise.
Baci à vous 2
@Nouvel Hermès
j’aime beaucoup le nouveau Bangkok, celui qui est il y a peu sorti de terre. Très proche du Japon. D’ailleurs beaucoup d’échanges commerciaux et de projets avec le Japon, le sky train par exemple.
Par contre les zones fréquentés depuis longtemps par les touristes, comme Kao san road, sont comme figées dans le temps. Les routards affalés aux terrasses, la bière à la main, l’œil morne fixé sur un écran géant diffusant un standard américain, les salons de massage, les innombrables magasins de souvenirs qui proposent tous les mêmes objets, venus de différents pays asiatiques.
Une impression d’ennui, la vie est ailleurs.
J’espère que vous nous parlerez de votre voyage 😉