Ces petites phrases qui en disent long

« Je suis islamophobe», écrit-elle puis, mutine, elle ajoute un sourire au bout de sa phrase.
Et moi en la lisant j’entends des cris d’effroi, des bottes qui martèlent le pavé et le fracas haché des mitraillettes, je vois des corps torturés, des édifices en flammes, je vois la persécution en marche, je vois la guerre.

Comment peut-on aujourd’hui, après tout ce que l’histoire aurait dû enseigner, après les luttes acharnées qu’ont menées nos prédécesseurs épris de liberté et de justice, après tant et tant d’ouvrages destinés à éclairer l’être humain, à le rendre moins sot, moins égoïste, moins cruel, moins intolérant, moins lâche, comment peut-on encore déclarer paisiblement que l’on est islamophobe ?

Comment peut-on ne pas avoir conscience de l’horreur latente contenue dans cette phrase ?

Que fait-on lorsque que l’on a peur des musulmans (et à travers eux des arabes) lorsqu’on les déteste ?

Se laisse-t-on convaincre de « l’utilité » de les chasser ? De les discriminer ? De les enfermer ? De les éliminer ?

En d’autres temps, très proches au regard de l’histoire de l’humanité, c’est aux juifs que l’on reprochait d’exister. On était alors judéophobe, antisémite. La suite, on la connaît. Des pogroms, des ghettos, des camps de concentration, l’horreur, totale, inhumaine.

L’idéologie à la base de ce massacre, qui a aussi causé la mort de milliers de Rroms, porte un nom, le nazisme.

A la base du mouvement nazi, la mort, l’extermination de populations entières afin que l’Europe soit exclusivement dominée par les aryens,  ignominieusement définis comme la « race supérieure ».
Ces aryens, qui ne supportaient pas les juifs.

« Je rejette les extrêmes de gauche et de droite. L’idéologie marxiste comme l’idéologie nazie dont elles sont issues sont des abominations. »  affirme une autre personne. Sur le web on peut tout écrire même les plus pervers des amalgames.

Si les deux idéologies ont effectivement provoqué des millions de morts et d’inédites atrocités, comparer l’une à l’autre est insensé.

Le marxisme visait au bonheur des peuples, à la justice sociale et au partage de richesses.
Il a été dévoyé, traîné dans la boue, utilisé à des fins totalitaires, il a servi de prétexte à des génocides. C’est vrai. Mais l’idée de départ est humaniste. Idéologie perfectible, le marxisme peut être modifié, adapté, afin de ne plus jamais être un prétexte à l’asservissement ou au massacre des peuples. Il peut constituer le point de départ d’une réflexion.
Le nazisme n’est pas devenu une idéologie monstrueuse et exterminatrice, il l’était dès sa conception. C’est son postulat. Il doit être éradiqué, sans appel, sans le moindre doute.

Triste constat, c’est parce que cette deuxième phrase s’est banalisée que la première peut être énoncée calmement, comme si s’afficher islamophobe était la simple expression d’une opinion tout à fait recevable.

L’actuelle dérive extrême droitière qui entraîne les sociétés occidentales vers l’acceptation de la xénophobie, du racisme, est très inquiétante. A sa base, il y a les mots, tous ces mots que devons attraper au vol et sans cesse remettre en question. Ne plus jamais se boucher les oreilles, détourner le regard ou tourner la page d’un geste las.

Pour nos enfants, pour la mémoire de celles et ceux qui ont conquis la liberté,  pour nous-mêmes, nous nous devons d’être vigilants, courageux, tenaces.

Sans quoi le chaos sera inévitable et nous en porterons toutes et tous la responsabilité.

Le terme islamophobie se  réfère à une hostilité non fondée et à la peur envers l’islam, et en conséquence la peur et l’aversion envers tous les musulmans ou la majorité d’entre eux. Il se réfère également aux conséquences pratiques de cette hostilité en termes de discrimination, préjugés et traitement inégal dont sont victimes les musulmans (individus et communautés) et leur exclusion des sphères politiques et sociales importantes. Ce terme a été inventé pour répondre à une nouvelle réalité: la discrimination croissante contre les musulmans qui s’est développée ces dernières années. » Doudou Diène, rapporteur spécial des Nations unies.

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