Au sud du Kerala, coincée entre Trivandrum, la capitale de l’état et Kovalam, une station balnéaire prisée par les touristes occidentaux, Poonthura a la triste particularité d’être une des villes les plus désolées du sud de l’Inde.
D’un côté la cité et ses turpitudes, de l’autre la station touristique, repaire d’occidentaux donnant l’illusion de l’argent facile.
Les habitants de Poonthura vivent de la pêche. Les hommes au large, debout dans leur barques colorées, les femmes au marché pour vendre le poisson.
Pêcheur est un des plus durs métiers qui soient.
Il faut affronter la mer, les vagues et les embruns, le soleil et la pluie, les cordes qui brûlent les mains, les filets trop souvent vides.
Depuis le tsunami, les fonds marins abritent moins de poissons. Les pêcheurs vivotent et se consolent en jouant aux cartes sur la plage, en ingurgitant un mauvais alcool qui les ruine, les rend coléreux, violents envers leurs femmes et souvent suicidaires.
Le climat social est tellement dégradé que la police ne pénètre plus dans certains quartiers. La pègre locale fait la loi et le clergé s’occupe de l’éducation et de l’aide aux pauvres. Nous sommes dans une zone catholique. L’église, énorme, est au cœur de la ville.
Pour s’implanter à Poonthura, Namaste a dû composer avec le curé. Grâce à son soutien, intéressé, l’association a créé une école maternelle. De nombreux enfants, confiés à Namaste par leurs familles sont placés dans des maisons familiales.
C’est le cas de Sharanya. Sa mère est morte lorsqu’elle était bébé et son père l’a abandonnée. Il y a dix ans, lorsque sa grand-mère a disparu, son grand-père l’a emmenée à Namaste. Depuis, elle vit toute l’année scolaire à Vellanad.
Aujourd’hui elle a quinze ans et habite dans la home for girls. Elle aime l’école et ses copines, regarder la télé et jouer au volley. Une adolescente sérieuse qui réussit brillamment ses études à l’english medium school où l’enseignement est exclusivement en anglais.
Avec sa complicité, nous l’avons filmée pendant toute journée, du réveil, avant les premières lueurs de l’aube – les Indiens sont très matinaux- au coucher.
Elle nous a raconté un petit peu de sa vie, ses rêves, ses peurs, ses projets. Elle et ses copines ont magistralement joué le jeu: pas un regard vers la caméra, naturelles, enjouées, belles…
En parallèle, nous avons filmé la journée d’Abhilash, un garçon de 12 ans vivant à Poonthura. Son père est mort, il habite avec sa mère, son petit frère et sa grand-mère.
La famille est très pauvre et l’aide apportée par un sponsor de Namaste est la bienvenue.
Pour seules ressources, la maman tient une minuscule épicerie dans la maison et la grand-mère vend du poisson au marché. Mais, comme il n’y a pas d’homme à la maison, elle doit d’abord l’acheter aux pêcheurs. Le bénéfice est minime.
Impeccable, souriant et bien coiffé, Abhilash a joyeusement participé à notre entreprise. Il a répondu à nos questions et nous a expliqué ce qui compte pour lui. Lui aussi fréquente une english medium school, celle des incontournables frères et est un excellent élève.
Sharanya et Abhilash, deux enfants de pêcheurs, deux orphelins qui ont surmonté de graves épreuves et qui abordent la vie avec sérénité et intelligence.
Deux belles rencontres.
2 commentaires sur “Enfants de Poonthura”
Toujours beau et poignant!
Merci Hermès!
Malheureusement on est rentrés!
Vu ton avant dernier billet, saine ambiance à Lorgues ;-(