Visqueuse et nauséabonde, elle s’étale et se répand, envahissant les réseaux sociaux. Ces fameux réseaux dont on aurait pu croire qu’ils faciliteraient des échanges constructifs, des rencontres amicales, le partage d’informations, de faits culturels, d’émotions.
Mais la boue est là qui se déverse, en mots orduriers et en phrases haineuses.
Voilà que l’on soutient un meurtrier, c’était, disent-ils, hurlent-ils, c’était son droit, on l’a volé et menacé, il a défendu son commerce, son bien, seul, oui seul car la justice de ce pays souffre de laxisme et ne défend plus les braves citoyens qui dès lors doivent eux-mêmes se faire justice.
Pan ! Pan !
Crève voleur, le nez dans ton sang !
Crève, la justice pour toi aurait été trop clémente !
Crève !
Crève !
Et la boue, collante et fétide, se déverse.
Que faire ?
Mettre des bottes, de plus en plus hautes, et continuer à patauger dans cet infect marécage, en prenant garde de ne pas salir ses vêtements, de ne pas s’imprégner de son odeur ?
Poser sur elle des planches pour former des passerelles et sauter de l’une à l’autre ? Comme nous le faisons déjà, entre nous qui défendons l’humanisme et le droit à chacun, fut-il un violent braqueur, à une justice équitable. Nous qui refusons la vengeance individuelle, les règlements de compte, les milices privées armées, l’engrenage de la violence aveugle.
Non, il faut désormais, et c’est urgent, assécher le terrain, bloquer la formation de cette répugnante gadoue que les chantres du Front National, les hérauts décatis d’un parti de droite en pleine déconfiture et les medias cyniques en mal de lecteurs et de public brassent avec délectation, sans se soucier des résidus malodorants qui s’accrocheront longtemps à leurs frusques.
Il faut désormais, et c’est urgent, que le gouvernement porté aux manettes par le peuple de gauche, respecte les attentes de ses électeurs et au-delà, du peuple vivant en France.
De gauche, oui, de gauche.
La priorité absolue de ce gouvernement devrait être la justice sociale.
Car c’est sur terrain de l’injustice que se forme la boue, qu’elle s’accumule et se répand, noyant la réflexion, la générosité, la compassion, la culture.
Bernard Stiegler: « La maladie, ce n’est pas le Front national. La maladie, c’est le consumérisme et la révolution conservatrice qui a été intériorisée par tous, y compris l’extrême gauche. Le FN en est le symptôme le plus violent, mais il y en a bien d’autres sur tout le nuancier politique. Cette maladie, c’est le désespoir qui fait croire et accepter que la régression serait inéluctable. Il est honteux et lâche de s’y soumettre. »
Il n’y a plus un instant à perdre, plus une minute, avant que le torrent de boue ne devienne un fleuve, puis un océan, un immonde magma qui, si rien n’est fait, recouvrira les terres, noiera les esprit, étouffera ce que nous avons de plus précieux, l’humanisme
11 commentaires sur “La boue”
Ça faisait longtemps.
Voila qui fait plaisir. Ton retour, je veux dire.
🙂
Oh c’est gentil! Je suis touchée, merci 🙂
… Mais il faut se résoudre à admettre une fois pour toutes que ce gouvernement N’EST PAS un gouvernement de gauche (pas plus que ne l’est l’essentiel du PS, exception faite de sa propre gauche). On a affaire à une “armée mexicaine” d’opportunistes boni-menteurs et retourneurs de veste, qui soignent les patrons et la droite, qui éludent, qui tergiversent, qui reportent, qui divisent. Le PS est fini, les prochaines élections vont faire très mal, car la vraie gauche n’est pas homogène, ni solide, ni donc prête pour prendre la relève. Alors la justice, la dedans…
D’accord avec ce constat, malheureusement!
je viens de promener mon chien au parc de la maourine à Toulouse ce matin le ciel est bleu les enfants de l’école primaire d’à coté sont en cours de gym ….. un petit groupe de gosses, filles, garçons, noirs, asiatiques , blancs , métisses, gros,roux, courent aux coté d’un gamin hilare en fauteuil ……je n’ai pas osé sortir mon portable pour faire un cliché ….. celui-là,….. toutes les marines du monde ne pourront l’obscurcir ……
Merci Michelle pour ce joli commentaire! Tu as raison même si la haine monte, un métissage de fait se met en place, les enfants jouent et grandissent ensemble, plus tard ils feront à leur tour des enfants, sangs mêlés… l’humanité sera différente et c’est c’est bien!
Ce type de fait divers est toujours présenté de la même façon par les médias, sans plus d’explications que les sempiternels instincts et pourtant des références il en existent pas mal, à commencer par les travaux du génial Henri Laborit:
“On commence à comprendre par quels mécanismes, pourquoi et comment, à travers l’histoire et dans le présent, se sont établies les échelles hiérarchiques de DOMINANCE.
Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les Hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent, tant qu’on n’aura pas dit que, jusqu’ici, c’est toujours pour DOMINER les autres, il y a peu de chance qu’il y ait quelque chose qui change.”
Un petit tour dans sa bibliographie:
Biologie et structure, coll. ” Idées “, n° 156, Gallimard, 1968.
– L’homme imaginant. Essai de biologie politique, coll. 10/18, Union Générale d’Edition, 1970.
– L’agressivité détournée, coll. 10/18, n° 527, Union Générale d’Edition, 1970.
– L’homme et la ville, Flammarion, 1971.
– Les comportements, Biologie, physiologie, pharmacalogie, Masson, 1973.
– Société informationnelle. Idées pour l’autogestion, éd. du Cerf, 1973.
– La nouvelle grille, coll. ” Libertés 2000 “, Laffont, 1974.
– Eloge de la fuite, coll. ” La vie selon “, Laffont, 1976.
– L’inhibition de l’action. Biologie, Physiologie, psychologie, sociologie, Masson, 1979.
– La colombe assassinée, Grasset, 1983.
– Dieu ne joue pas aux dés, Grasset, 1987.
– La vie antérieure, Grasset, 1989.
– L’esprit du grenier, Grasset, 1992.
– Une vie, Derniers entretiens avec Claude Grenié, éditions du Félin, 1996.
Merci pour toutes ces indications et titres d’ouvrage.
J’aime beaucoup “L’éloge de la fuite”
Chère Céleste, j’oubliai de vous dire que j’aime ce blog que je parcours souvent, c’est la première fois que je laisse un post, fallait bien commencer un jour. mais à lire vos reportages j’ai plus tendance à rêver qu’a bavasser.
Merci Robert, votre commentaire me touche beaucoup, surtout je n’écris plus aussi souvent. La fatigue de la blogueuse, comme le dit si bien mon ami Bibi mais il y a toujours “La phrase à venir, le Livre à venir, le Billet à venir, la Vie-Avenir. Petite lumière, à chaque fois, qui nous étreint sans nous éteindre.”
c’est ma première visite, et ça sera pas la dernière