Samedi 16 février
Pramod, Anu et Aditi, leur adorable fillette de 5 ans, viennent nous rendre visite à Namaste.
En 2007, nous les avons rencontrés dans le train, entre Trivandrum et Kottayam, où ils habitent. Nous avons longuement bavardé et, quand ils sont arrivés à destination, nous les avons photographiés sur le quai. Comme nous avions échangé nos adresses mail, j’ai envoyé la photo à Pramod et nous avons un peu correspondu. Puis le temps est passé. L’année dernière Pramod m’a retrouvée sur Facebook et parfois nous discutons. De fil en aiguille, nous avons organisé leur venue à Namaste. Aujourd’hui.
Ils arrivent en début d’après-midi.
Anu et Pramod sont très sympathiques, ils forment un jeune couple moderne, ouvert, équilibré. On sent entre eux beaucoup de tendresse, de respect, d’estime réciproque, de complicité. Pas de domination de l’un sur l’autre. Ils sont certainement attachés aux traditions mais ont su les moderniser, je dirais en garder les aspects les plus positifs : l’attachement à la famille, le devoir d’aide et de soutien à leurs parents.
Parfaitement bilingues, tous les deux ont des diplômes universitaires, une bonne situation professionnelle, des projets.
Anu voudrait poursuivre encore ses études, en correspondance avec une faculté étrangère. Elle cherche une université européenne où elle pourrait mener à bien son projet, peut-être en France ou en Italie.
L’Europe, ils aimeraient beaucoup y voyager mais les conditions d’obtention du visa sont autant draconiennes qu’absurdes. Ne pénètre pas la forteresse Europe qui veut !
Nous visitons ensemble la casa delle mamme et les maisons familiales. Pramod et Anu aimeraient sponsoriser un projet, ils pensent pouvoir facilement convaincre leurs amis et leurs relations professionnelles de participer. Ils estiment que l’aide étrangère est certes appréciable et appréciée mais que les Indiens qui ont un bon niveau de vie, se doivent d’aider les plus démunis. La solidarité nationale est pour eux essentielle.
Malheureusement, en ce qui concerne Namaste, l’habilitation permettant aux donateurs indiens, que ce soient des personnes ou des sociétés, de soustraire les dons de leurs impôts est coincée sous le coude d’un fonctionnaire chef qui demande, en toute tranquillité, un pot de vin !
« Bribes » ! La plaie de l’Inde.
Valeria ayant décrété qu’il était hors de question de céder au chantage, la situation est actuellement bloquée.
Elle se débloquera un jour ou l’autre !
Quoiqu’il en soit il est très intéressant que de jeunes couples comme Pramod et Anu soient motivés pour soutenir des OGN étrangères déjà installées en Inde. Cela signifie qu’ils apprécient le travail accompli et qu’ils sont prêts à prendre le relais. Car il ne faut pas se leurrer, au rythme où la crise ravage l’Europe nous ne serons bientôt plus en mesure d’aider qui que ce soit.
Même si il y a encore beaucoup de pauvreté en Inde et que les taux de croissance ont baissé (8 % ou 9 % dans les années 2000, 6,5 % en 2011-2012 ) il reste un taux de « croissance ». En Europe, par contre, les désastreuses politiques économiques et sociales menées au nom de l’austérité sont en train de précipiter les populations dans l’indigence, d’accroître les injustices, de favoriser le capital et les nantis au détriment des citoyens.
En ce qui concerne Namaste, le nombre de donateurs italiens a déjà baissé.
Nous passons un très agréable après-midi en leur compagnie et espérons les revoir la prochaine fois que nous viendrons au Kerala.
Le bémol de la journée est toujours le même, malgré les anti-inflammatoires et les patchs chauffants j’ai mal au dos!