C’est drôle comme un seul mot peut cacher des réalités différentes.
Marché : lieu public où une réunion de commerçants vendent des denrées, des articles d’usage courant ou de la brocante. (Encarta)
Ce marché là, cœur de la cité, je l’aime.
Je m’y précipite quand j’arrive dans une ville inconnue. Je me remplis de ses bruits de ses odeurs de ses saveurs. Le marché est vivant, coloré, humain.
Qu’il déborde de marchandises ou qu’il n’offre que quelques étals pauvrement garnis, il indique avec précision les conditions de vie des habitants du lieu.
Au marché la parole circule, elle établit les termes de la transaction entre celui qui vend et celui achète.
Sur les marchés lointains le marchandage est souvent de mise. Il faut alors négocier, s’impliquer dans un échange verbal animé dont on est jamais sûr de sortir vainqueur mais qui créera un lien éphémère entre les deux parties. Il se termine par un accord. Chacun y trouve son compte. C’est bien.
Ce marché là existe depuis toujours. Il permet au producteur de vendre ses produits, au revendeur de gagner sa vie, à l’acheteur d’acquérir ce dont il a besoin pour vivre, ou simplement envie.
On aurait pu en rester là.
Mais non, l’homme, animal avide toujours soucieux de compliquer les choses simples afin d’en tirer des bénéfices accrus, du moins le croyait-il dans un premier temps, n’a pu s’empêcher de dévoyer le concept de « marché ».
Il a inventé le marché financier, le marché boursier, monétaire ou que sais-je encore.
Il le définit comme un lieu virtuel conçu comme un espace commercial d’achats, de ventes ou d’échanges (de biens, de services ou de capitaux). (Encarta)
Virtuel !
J’imagine alors des milliers, de millions de devises qui traversent l’espace d’un bout à l’autre de la planète. Comme des comètes devenues folles elles tournoient au dessus de nos têtes avant de finir va savoir où, dans quelles poches déjà garnies alors que le marché, le vrai, l’humain voit ses prix exploser et ses étals se vider.
Et maintenant voilà que le marché virtuel perd de l’argent, des sommes insensées, pour moi inimaginables, paumées, envolées, disparues… pschittt !!
Une poignée d’individus dégénérés, car ayant perdu le sens de l’humanité, se permet de jouer avec des millions de dollars ou d’euros comme les enfants des pauvres le font avec des bouts de bois.
Des apprentis sorciers qui condamnent sans vergogne une partie de l’humanité à la faim.
Sans se soucier des conséquences.
Tout va mal dans les sphères financières. L’économie mondialisée sera-t-elle sauvée ?
Qu’elle le soit ou non, le paysan continuera à déposer ses fruits et ses légumes sur un étal, à interpeler le passant en lui vantant les vertus de ses courgettes, à les échanger contre quelques pièces de monnaie, la femme du pêcheur proposera ses poissons, le petit artisan l’objet qu’il a fabriqué.
Le marché, le vrai, survivra.
19 commentaires sur “Marché et marché”
Es-tu si sûre que le marché des ombres, qui mine la société planétaire, n’aura jamais la peau de ces marchés de la vie ?
700 milliards annoncés dans le plan américain de stabilisation des marchés financiers. Décidés en quelques jours, en quelques heures. Alors que l’accès de tous à une eau potable, qui a un coup évalué à 11 milliards par l’ONU, attend encore les décisions (pour mémoire, 30.000 personnes meurent chaque jour à cause d’un manque d’accès à une eau de qualité…)
Jusqu’à quand le monde marchera-t-il sur la tête ?
@oH91
bonne remarque!
j’y ai pensé en écrivant la dernière phrase.
je crois qu’ils renaitront, les marchés de la vie, sur les ruines d’un système dont l’effondrement a déjà commencé.
Les marchés, c’est aussi les “puces” sauvages des portes de Paris où des pauvres viennent vendre les riens qu’ils ont encore. Ces marchés là ne disparaîtront malheureusement pas.
Sur les marchés de France, des gens sans statut commercial vendent les fruits de leur jardin (et de leurs poules). Tolérance généralisée ?
Comment jouer avec de l’argent virtuel et se faire rembourser avec du vrai métal !
:-))
J’ai aussi connu ces marchés immenses (Nigéria ), aux ruelles étroites , où rien ne manque , tissus de toutes couleurs , épices les plus recherchées , légumes et fruits gonflés de sucre où le prix de chacun d’eux varie chaque jour sans trop savoir pourquoi …où s’engage un marchandage usant dans le temps pour nous gens préssés , stressés…Ce n’est certe pas la solution…
Mais malheur à celui qui use et abuse des biens de ce monde et les détourne à son profit…
LE méchant est toujours terrassé par sa propre malice
jolies photo, j’ai fait le plein de couleur sur ce blog, merci!
mais que sont donc ces fruits ou légumes rouges en milieu de page?
@Christine/ Non non c’est tout à fait légale. En fait c’est autorisé pour les agriculteurs.
@Céleste/ Je suis toujours sous le charme des photos…Et puis pour ce qui est du “marché” je suis bien conscient de ne rien produire de ce qui est mon minimum vital…et pourtant je pourrais. Mais là je ne pourrais plus te lire…mon maximum vital…(on n’entend bien les violons là …non? 🙂
Tu as sans doute raison au fond, on le voit bien au cœur des guerres : la vie finit toujours par être la plus forte…
Et pourtant, Céleste, si tu savais comme on nous met des des bâtons dans les roues à nous, marchands forains !
On gêne beaucoup les grandes surfaces, on est pourchassé par les municipalités à cause des contraintes pour l’hygiène (électricité, eau, etc) pour nettoyer les endroits, on occupe des espaces qu’ont préfèrerait construire et on ne rapporte guère à la commune, on est payé en espèces, ce qui agace le fisc, et puis on est libre… Pas très riches mais libre et ça, peu de gens le supportent.
Je n’ai pas besoin de changer de pays, au marché, toutes les langues, toutes les origines sociales et culturelles se côtoient souvent dans la fraternité.
Où que j’aille dans le monde le vrai marché populaire est l’endroit où je me sens chez moi…
Bravo pour ton billet.
Quel bel (je ne vois d’autre mot) article et bien illustré, comme il convient pour les “marchés”, les beaux, les vrais.
Seule ta conclusion me laisse songeur:
On privatise les bénéfices, on socialise les pertes, version néolibérale du proverbe: c’est toujours les petits qu’on écrase. Seulement voilà, aujourd’hui l’écrasement confine au meurtre. Qui peut dès lors jurer que les étals de demain seront encore colorés comme sur tes photos?
Comme je suis admirative de la facilité avec laquelle tu réussis à exprimer toutes ces “choses” que nous sommes nombreux à ressentir en ce moment… D’accord avec toi, l’envie de rester coute que coute optimiste (même si parfois toute seule dans mon coin, je m’autorise un bon coup de déprime …).La vie, la vraie reste toujours la plus forte mais comme elle est malmenée! A quand l’humain et le sensé, à quand la fin de tous ces hommes (politiques) déconnectés!
Heureuse de t’avoir découverte…
@tiusha
ce sont des fruits qui ressemblent un peu aux litchis, j’ai complètement oublié leur nom, que l’on trouve en Thaïlande, Laos, Cambodge.
si quelqu’un se souvient du nom, merci
@Christine, Dom t’a répondu, merci Dom.
@pierre je suis bien d’accord avec toi
@Monsieur Poireau 🙂
@oh91
“la vie finit toujours par être la plus forte…”
oui, c’est aussi ce que je pense, même si @ Marc, la vie des plus pauvres est menacée
effectivement, une impression de meurtre.
pour rebondir sur ta question: j’essaie de me placer dans une vision plus lointaine que les proches années à venir.
j’ai toujours l’espoir que sur les ruines du système capitaliste libéral, les humains pourront construire un autre monde, plus juste.
il me semble que demain l’avenir de l’humanité sera à nouveau entre les mains des paysans, des petits agriculteurs qui ne maltraitent pas la terre, qui savent vivre de peu et qui, sur les marchés continueront à vendre (ou à troquer) leurs produits avec les petits artisans, les pêcheurs…
tous ceux qui sont aujourd’hui broyés par le système mais qui ont su, au fil des siècles, résister à la misère.
par contre la chute sera dramatique pour tous ceux qui se sont habitués à un confort, même modeste, en étant entièrement dépendants du consumérisme.
tout ceux qui ont grandi dans des cocons et qui tremblent de peur à l’idée que des hordes de sauvages venus d’ailleurs viennent leur arracher leurs quelques biens alors que le vrai danger vient des financiers, des insatiables et criminels potentats du “marché”.
manipulation, désinformation.
pendant ce temps là les glaces fondent, libérant du méthane.
@cui-cui
en écrivant ce billet j’ai pensé à toi 🙂
“Où que j’aille dans le monde le vrai marché populaire est l’endroit où je me sens chez moi”
tout à fait!
Natelier Gypsie Vintage
merci de ta visite et bienvenue sur ce blog.
oui, j’optimise.
“Parce l’optimisme est le pouvoir des humbles” a écrit Louis Coconuts dans un com.
j’aime bien
Tous ces apôtres du “marché libre”, soudain confrontés à la crise, se tournent vers l’Etat auparavant honni, avec ses fonctionnaires inutiles et ses services publics à privatiser, et demandent son aide urgente : on “nationalise” les banques qui font faillite, on pénètre dans le capital des compagnies d’assurances qui n’en manquaient pourtant pas pour faire cracher leurs clients au bassinet…
Nicola Sarkozyste en vient presque à tenir un discours aux accents marxistes ! Leur marché est en capilotade, les marchés de Provence embaument encore, comme ceux que tu nous montres avec ces photos belles et calmes, loin de l’agitation des Bourses, du NYSE, du NIKEI et du CAC 40.
Dans les fruits de leurs opérations fiancières, il y avait des noyaux. Le directeur de la Banque de France s’appelle Christian Noyer, et son prédécesseur, maintenant à la tête de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet.
Je lis tes descriptions, je regarde tes photos,
et je me dis que Marseille appartient vraiment au bout du monde 🙂
ces marchés de pauvres multiples et colorés sont ceux de ma ville 🙂 (hors quelques marchés “provencaux”bien huppés bien sûr !)
Quand on compare les marchés que tu décris ,les nôtres ne font pas “rêver”.Car il fût un temps où je les faisais ;je vendais des bijoux artisanaux et des objets en bois peints à la main ,j’y ai cru ,j’ai même passé de bons moments avec mes voisins les forains ,mais j’ai dû arrêter tellement on me réclamait d’argent: caisses de retraite et autres sécurité sociale sans parler de la TVA…en plus c’était à celui qui donnait (pot de vin) le plus d’argent au placier pour mériter une place digne de ce nom ,sans cela on se retrouve tout au bout du marché là où les clients ne vont pas.
Voilà ma petite expérience des marchés en France …on ne prête qu’aux riches….
Ton article et tes photos m’ont remontés le moral ; à savoir que partout ce n’est pas malsain.
@dominique
Noyer et Trichet!
Coïncidence ou influence du patronyme?
@Sardine
dès ma première arrivée à la gare saint Charles, il y plus de 30 ans, j’ai aimé Marseille.
à chacun de mes séjours je l’ai sillonnée avec bonheur.
ville portuaire, cosmopolite, ville des échanges, ville vivante, lumineuse.
@Nathalie
ton com rejoint tout à fait celui de Cui Cui, tracasseries, harcèlement fiscal.
La liberté coûte de plus en plus cher.
Ces fruits rouges, au Vietnam, on les appelle chôm-chôm ou ramboutans.
Je veux croire que malgré les tracasseries, ces marchés aux légumes, aux fruits et aux fleurs ne disparaîtront pas. Ils sont la vie. Il est même possible qu’eux seuls survivent si la faillite de notre système financier entraine la chute de tout le reste.
@ramboutan!
bon sang mais c’est bien sûr!
merci jardin!
Et tout à fait d’accord avec toi sur la survie des marchés.
C’était l’objet de mon billet 🙂
http://www.lepost.fr/article/2010/02/14/1940929_messieurs-mesdames-les-marches-meurent_1_0_1.html