Lui et moi parcourons les allées du parc des arènes de Cimiez. Il gazouille dans sa poussette, je chantonne.
Le parc est beau, planté d’oliviers.
Pensées vagabondes.
C’est mardi, le musée Matisse est fermé.
« Meeerde ! s’exclame une jeune fille, puis, se tournant vers ses amis, j’avais oublié, on est mardi ! »
Qui a dit que les jeunes ne s’intéressaient pas à l’art ?
Ce musée-là, je le connais bien, et je me ferai une joie de le faire découvrir à Charles, plus tard, quand il aura trois ans et qu’il pourra apprécier les courbes et les couleurs du maître.
Pour l’instant, tout l’intéresse mais pas longtemps. Il aime croiser d’autres bébés. Echanges de regard avec un bambin, debout, lui, quoique chancelant.
Je souris à la maman, une jolie jeune femme blonde.
Charles aime beaucoup observer les chiens, ça tombe bien, le matin, le parc est leur royaume. Poils longs ou courts, rasés ou peignés, blancs, noirs, beiges, agrémentés de nœuds ou cachés sous des vêtements d’un ridicule achevé.
Les chiens de Cimiez, souvent accompagnés de dames plutôt âgées, maquillées et poudrées, chargées de sac griffés, sont des animaux de luxe. Point de bâtard dans leurs rangs, mais de la race, du pédigrée.
Entre elles les dames causent chien « Et il a fait ci et il a fait ça et le vétérinaire a dit » « Non !!! » « Si ! »
L’une d’entre elle se précipite, une lingette à la main vers « Lili », pékinois blanc vêtu de rose qui vient de déposer une minuscule crotte sur l’allée.
Elle explique « Si je ne l’essuie pas tout de suite, elle a l’anus tout irrité ! »
C’est ennuyeux en effet ! Le verbe « dénaturer » traverse fugacement mes pensées.
Le comique Jerry Seinfeld disait: imaginez qu’un extra terrestre débarque sur Terre, voit un chien tirer sur sa laisse, entrainant son maître, voit ensuite le maître ramasser les crottes du chien, le caresser et lui servir à manger. Il pense que le chien est l’espèce dominante de la planète !
“Dogs are the leaders of the planet. If you see two life forms, one of them’s making a poop, the other one’s carrying it for him, who would you assume is in charge.” Jerry Seinfeld.
Plus loin, deux hommes discutent. Sexagénaire fringant vêtu de noir, caniche nain assorti et sexagénaire sportif, épagneul tacheté.
Tendant l’oreille, j’apprends que les Alsaciennes sont des femmes fortes, qui savent ce qu’elles veulent et qui le disent alors qu’ici, qu’est-ce que vous voulez, avec l’influence de l’Italie, où les gens, des latins, sont mous, les femmes disent oui à tout alors que tout va mal !
Machiste sûrement, xénophobe peut-être, dragueur assurément, me regardant passer, il m’adresse un léger signe de tête que j’ignore superbement.
Pffff ! Que m’importe le macho fringant, je suis avec Charles !
Nous croisons une poussette grand luxe, multidirectionnelle, trois roues, coque moulée, suspensions, dedans, un minuscule bébé endormi, derrière une grande femme brune dont les vêtements bon marché tranchent avec la splendeur du véhicule. D’une main, elle pousse, de l’autre, elle tient son téléphone. Elle parle en russe, fort.
Chants d’oiseaux et élan de bonheur. « Ecoute mon amour, les oiseaux nous parlent du ciel. ».
Louis Armstrong veille sur le parc. Il a joué et chanté sous les étoiles, il y a longtemps, parmi les oliviers, avant que le festival de jazz de Nice ne devienne un raout bondé, cher, où les notes se perdaient dans les relents d’huile de friture et que, finalement, le jazz ne déserte le parc pour s’installer en ville.
C’était pourtant si bon de se laisser bercer par la musique, allongée dans l’herbe sous les oliviers.
Mais c’est la voix de Claude Nougaro qui swingue à mon oreille
« Armstrong, je ne suis pas noir
Je suis blanc de peau(…)
Allez Louis, alléluia
Au-delà de nos oripeaux
Noir et blanc sont ressemblants
Comme deux gouttes d´eau! »
Sage pensée !
S’il fait beau, cet après-midi nous irons sur la promenade des Anglais, voir la mer.
2 commentaires sur “Nice, promenade au parc avec Charles”
Salut, Celeste …
🙂
Salut Phlune 🙂