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Namaste Valeria !

Quand elle était petite, dans la grise et pieuse plaine bolognaise, Valeria voulait être sœur missionnaire pour s’occuper des enfants pauvres. Elle rêvait d’Afrique, de terres lointaines brûlées par le soleil, là où les bébés meurent de faim.
Puis en grandissant elle s’est défaite de la religion mais a gardé l’amour des enfants et la volonté d’aider les plus miséreux d’entre eux.
Souvent, quand on aime les enfants, on devient enseignant, c’est la voie qu’a choisie Valeria. Professeur d’italien dans un collège, voyageuse le reste du temps, elle a sillonné le monde. Elle a aimé un Français, puis un Italien. Aucun bébé n’est venu mais elle avait depuis toujours rendez-vous avec ceux qui souffrent, ceux qu’on maltraite, ceux que les mamans épuisées par la vie abandonnent, ceux que personne ne cajole, ceux qui ne vont pas à l’école parce que celle-ci coûte trop cher, ou parce qu’elle est trop loin, ou parce qu’ils travaillent.
Elle a essayé les adoptions à distance et à chaque fois s’est rendue sur place, pour aider, pour contrôler, pour être sûre que le petit être à qui elle voulait donner son affection existait bien et recevait effectivement les subsides et cadeaux qu’elle envoyait.

Valeria Palmieri

De l’Afrique à l’Amérique latine en passant par l’Albanie elle a tout vu : les associations catholiques qui pratiquent des fausses adoptions pour avoir des fonds pour la construction d’une église, les curés richissimes vivant luxueusement au frais des adoptants, les ONG trop bien organisées qui n’acceptent aucune aide et bloquent tout contact direct entre les enfants et leurs parents adoptifs, du bien, du moins bien et du franchement nul.
Et puis un jour, il y a neuf ans, elle a trouvé dans sa boîte aux lettres un courrier qui lui proposait d’adopter à distance un petit garçon indien, pensionnaire d’un couvent tenu par Father James, au fin fond du Kerala.
Elle a bouclé pour la énième fois sa valise et pris l’avion pour Trivandrum.
Le couvent était triste et des enfants misérables la regardaient en écarquillant leurs yeux sombres, parmi eux, il y avait Thomas.
Elle l’a aimé tout de suite, tout petit et maigre malgré ses douze ans, doux et candide.

Puis elle est repartie et revenue très vite impatiente de le retrouver. Et lui, peu à peu lui a accordé sa confiance. Mais à fréquenter de trop près l’orphelinat de Father James, ses multiples défauts lui sont apparus les uns après les autres : hygiène approximative, encadrement sans chaleur, soins sanitaires inexistants, scolarité en dent de scie. Alors le vieux rêve venu de l’enfance a refait surface et Valeria a décidé de monter sa propre association.
Elle a loué une maison, cherché des collaborateurs indiens et ravi à Father James, Thomas et Taddeus, son frère aîné.
Dans la maison, elle a installé les deux garçons et une « house keeper », puis elle a rencontré la belle Sasikala et « Namaste, Wings to fly » est née.
Elles ont commencé par créer des « Family House ». Le principe est simple et efficace : une dizaine d’enfants très pauvres, venant généralement des familles de pêcheurs du littoral, sont confiés durant toute l’année scolaire, à une famille de house keeper, dans une maison louée par Namaste, les enfants sont sponsorisés (adoptés à distance) par des familles italiennes qui assument tous les frais de scolarité, santé etc.

Sasikala, moi et Valeria

Durant les vacances, quand les conditions familiales le permettent, les petits pensionnaires rentrent dans leurs villages. Dans les « family house », tout est contrôlé par Namaste, ce qui fait qu’elles fonctionnent très bien.

Ensuite Valeria a trouvé des sponsors pour ouvrir des « Tuition School », autrement dit des cours de soutien scolaires, elle en a installé plusieurs, dans un village de dalits (intouchables), chez lez pêcheurs et un au Tamil Nadu tout proche.
Les écoles maternelles ont suivi, trois, entièrement prise en charge par des sponsors. Puis d’autres projets ont vu le jour : aide aux « nonnine » les grands-mères veuves et esseulées, formation de couturière pour les femmes, fabrique de cordes en fibre de noix de coco, construction de maisons pour les intouchables, équipes de volley pour les adolescents et aide aux victimes du tsunami.
Aujourd’hui Namaste gère 13 family house et aide 650 enfants. Sacré boulot !

Les enfants d'une Family House

Mais tout n’a pas été facile, loin de là ! Valeria a dû lutter contre les curés, toujours prêts à récupérer les actions charitables et contre les élus du BPJ, le parti nationaliste hindou qui n’acceptait pas qu’une femme, étrangère de surcroît se mêle d’aider les pauvres sans passer par leur contrôle. Des sbires sont venus, baraqués et menaçants, elle les a flanqués dehors vite bien fait, et menacé de porter plainte. Ils ont compris la leçon et désormais l’ignorent.
Sans dieu ni maître, elle poursuit patiemment son œuvre. Quand elle rentre en Italie elle cherche de nouveaux sponsors car la demande est forte et que malgré le tout nouveau développement de l’économie indienne le nombre de miséreux ne faiblit pas.

Namaste veut dire : honneur à la divinité qui est en toi. Si au fond de chacun de nous il y a un dieu alors nous sommes tous égaux et n’avons pas besoin de ceux dont on nous vante les mérites et aux noms de qui on s'entretue.

Namaste Valeria !

India, le 18 aout 2006

(... à suivre)

Les enfants d'une Family House avec l' House keeper

Vidéo: Les enfants de Namaste - Photos: Namaste: Les Photos
Site Web : www.namaste-adozioni.org
   
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Claudine Tissier & Fabio Campo