Des nouvelles de Namaste

Valéria aussi est rentrée à Bologne, hier. Assise devant une bière dans notre cuisine elle nous donne les dernières nouvelles de Namaste.

Mais la première est si triste que nous aurons du mal à apprécier les suivantes.

Dans le village des intouchables du Tamil Nadu, le lotissement tout neuf des Parayans, construit grâce à l’aide de Namaste, un enfant est mort.

Le petit garçon, que nous avions photographié avec sa grand-mère, a été emporté par la dysenterie, une maladie aujourd’hui guérissable.

Seulement voilà, les Parayans sont des adeptes de la magie noire et ce n’est pas à l’hôpital que l’enfant malade a été emmené, mais chez le chamane.

Et celui-ci, abracadabra, l’a laissé mourir.

Comme ça, accompagné par des prières et des rites dérisoires.

Il avait trois ans.

Chacun est libre de ses croyances, mais quand celles-ci conduisent les enfants à la mort, on ne peut rester les bras croisés.
On peut aider à éduquer.
Notre civilisation n’est certes pas la meilleure du monde, mais elle nous a apporté la santé et délivré des artifices sordides de sorciers.

Pas la charité, la solidarité.
Nous avons un projet et Valéria nous apprend qu’il est sur le point d’aboutir.

Lassés de trimbaler nos valises d’une ville à l’autre nous avons décidé de louer (puis d’acheter) une maison au Kerala, afin d’avoir un point de chute pour nous, nos enfants et nos amis.
Mais pourquoi laisser la maison vide durant de longs mois ?
Pourquoi ne pas en faire profiter des enfants ?

C’est si simple et avec Valéria, nous avons tout organisé. Nous avons sonné le rappel auprès de nos amis pour former un groupe de sponsors (je n’aime pas trop le mot, mais c’est celui ordinairement utilisé).
Dans cette maison, que peut-être elle a trouvée, vivront avec leurs enfants (quatre petites filles entre quatre et sept ans) trois jeunes femmes que les maris ont abandonnées, trois jeunes femmes qui vivent actuellement dans des cabanes de boue à demi effondrées, trois jeunes femmes à qui la vie n’a jamais souri.
Chacun, dans notre petit groupe, prendra financièrement en charge un enfant, il pourra ainsi effectuer une bonne scolarité et sa santé sera régulièrement contrôlé par un médecin.

Aux vacances nous passerons quelque temps avec eux.

Génial, non ?

Et devinez combien tout cela va me coûter : 50 euros par mois.

Deux repas au bistrot du coin.
Une nuit dans un hôtel à une étoile.
Un plein d’essence pour la voiture.
Des courses pour deux jours.
Deux DVD.
Une jupe en solde.
Une coupe de cheveux (mais sans le brushing)
etc.

Bologna, le 17 septembre 2006

(... à suivre)