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Rajesh |
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Nous sommes invités à passer une nuit chez Rajesh, le frère aîné de
Manju que nous avions rencontrée à Bangalore.
Rajesh vit dans la maison familiale, bâtie par le grand-père, avec Molly,
sa mère, veuve depuis quelques années, Priya, sa jeune et jolie femme et
Tissa, leur fillette de 9 mois.
La maison, construite vers 1930 est une grande et belle demeure
Kéralaise. Blanche et basse, elle est recouverte de tuiles. La partie
principale, agrémentée d’un perron et de colonnes est encadrée de deux
ailes. Un jardin fleuri entoure la maison. Calme et ordre.
La maison comporte onze pièces car plusieurs générations ont toujours
vécu ensemble sous le même toit. Molly et son mari ont eu quatre
enfants, les filles, dont Manju se sont mariées et ont quitté la demeure
familiale, leurs dots, probablement très importantes ont représenté leur
part d’héritage. C’est ce que m’explique Rajesh, il ajoute que, pour son
propre mariage la dot de Priya, sa femme, s’est élevée à la coquette
somme de 10 lacks roupies, c'est-à-dire à peu près 20 000 euros. |
Rajesh et sa famille |
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Autant dire que ces familles sont riches. Lui-même a
déjà commencé à épargner pour payer la future dot de sa fille, seulement
âgée de 9 mois.
Nous lui expliquons qu’en Europe les lois qui régissent les héritages
sont différentes. Lui estime que le système indien est juste et que
personne n’est lésé.
C’est certainement le cas dans les familles honnêtes.
Rajesh a donc hérité de la maison, de la charge de sa mère, des terres,
importantes, et d’une carrière de granit.
A peine sommes-nous installés que notre hôte nous entraîne à sa suite à
la découverte de ses plantations de bananiers, hévéas, manguiers et
autres arbres que, vu nos lacunes en matière de botanique, nous sommes
bien en peine d’identifier.
Comme nous n’avions pas bien compris la proposition de Rajesh nous
retrouvons, une fois de plus, à parcourir ce qui pour moi est quasiment
la jungle, en sandales. Brrr ! Je calme ma terreur des serpents en me
disant que lui aussi a les orteils à l’air et que probablement mon
imagination me joue des tours. N’empêche que j’avance avec de multiplies
précautions. |
Rajesh et Tissa |
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Nous arrivons à la carrière, c’est grâce à elle que la famille a fait
fortune et Rajesh en est très fier.
L’endroit est magnifique. Les récentes pluies de la mousson ont formé en
son fond un lac d’un vert profond, opale, dans lequel des ouvriers se
baignent en riant. Les autres sont occupés à remplir le camion de blocs
de granit qu’ils transportent sur leurs têtes. Les hommes travaillent
mains nues, ils sont rapides et organisés. Ils soulèvent les blocs à
plusieurs et les déposent sur la tête, surmontée d’un petit coussin
rond, du porteur. Excités par notre présence ils font les marioles,
rient, plaisantent avec le patron et nous montrent orgueilleusement leur
savoir faire.
A la carrière Rajesh emploie une quinzaine d’hommes. Leur tâche consiste
à creuser les flancs de la carrière avec des explosifs, puis à extraire
le granit, à casser les blocs et à remplir les camions.
Comme ce travail est dangereux et que les accidents sont fréquents le
salaire des ouvriers est élevé. Ils sont payés à la journée, douze
heures, et perçoivent 500 roupies (10 euros) ce qui est vraiment
appréciable et les relations entre Rajesh et les hommes sont visiblement
très bonnes. |
Nous restons un long moment à les regarder, impressionnés par la force
qui émane de leurs corps secs et noueux.
Sur le chemin du retour, nous rencontrons des femmes qui travaillent
dans les champs, elles aussi sont payées à la journée, mais leur salaire
est moindre, seulement 150 roupies (2,50 euros).
(…à suivre)
India, le 15 aout 2006 |
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Plus de photos:
Rajesh et sa famille
et
Carrière à Ettumanoor |
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