Tristesse

“Je pense à autre chose mais je ne pense qu’à ça.” (Jacques Prévert)
A cette déliquescence de l’humanité qui n’en finit pas de s’enfoncer dans la tourbe.
Aux invraisemblables gaspillages que chaque jour nous commettons :
– Déféquer dans de l’eau potable alors que d’autres, ailleurs, en manquent cruellement et torcher nos délicats postérieurs avec du papier moelleux sans penser aux arbres sacrifiés à la cause de nos trous du cul occidentaux.
– Illuminer nos villes et ignorer superbement ceux qui n’ont d’autre choix que l’ombre.
– Jeter allégrement des tonnes de nourriture sans une pensée pour les millions d’humains qui souffrent de la faim.
– Transporter d’un bout à l’autre des continents des objets inutiles fabriqués par des travailleurs de plus en plus exploités et destinés à d’autres travailleurs à qui l’on a fait croire que la consommation est leur salut.
– Consacrer à l’industrie de la mort des sommes exorbitantes.

Détruire.

Ridiculiser la culture et ne rien offrir d’autre aux jeunes générations qu’un ersatz de bonheur véhiculé par des médias serviles dont le mot d’ordre indéfectible est consommez consommez consommez, de l’alcool et de la mauvaise musique, des uniformes griffés, des gadgets électroniques, des mets gorgés de graisse et de sucre qui créent une dépendance et alourdissent les corps.

Obèses en occident, décharnés au-delà.

Car il semblerait que pour assurer une hypothétique survie les occidentaux soient prêts à sacrifier le reste de l’humanité.

Sournoisement.

En pillant les ressources mondiales, en massacrant, en bloquant les mouvements migratoires, en affamant.

Bataille hypocritement menée et depuis fort longtemps.
Depuis que les hommes blancs, fiers d’une chrétienté qui les désignait comme maîtres de la planète ont entrepris de coloniser ceux qu’ils ont qualifiés de « sauvages ».
Emplis de leur prétendue supériorité ils ont imposé leurs lois, envahi des territoires, éliminé des ethnies entières.
Ils ont récupéré l’art pour l’exposer dans leurs salons et annihilé des cultures ancestrales.

Au nom du progrès.

Mais quel progrès ?

Hier le Vatican a décrété qu’un viol était moins grave qu’un avortement.

Ce n’est qu’un exemple, parmi tant d’autres, du retour de la barbarie.
Car le fier homme blanc, voyant la terre de ses certitudes se dérober sous ses pas, laisse se réveiller la bête sauvage que sa civilisation lui avait appris à cacher dans les tréfonds de son âme.

Et il attaque, les femmes d’abord, à qui l’on accorde, comme un os à ronger, une journée de célébration alors que d’une autre main on leur enfonce la tête sous l’eau en se gaussant de leurs prétentions.

Le sexisme est le premier des racisme, pauvre Eve, que l’on prétend née de la côte de l’homme, destinée à le distraire et à porter les fruits de ses assauts sexuels.

Ce matin, c’est une longue promenade sur le web, hors de mes sites  et blogs préférés, qui a amplifié ma tristesse, j’y ai lu des luttes stériles et des concours d’ego.
Des pages entières emplies de propos superficiels et égoïstes….du vent alors que la tempête est à nos portes.

Triste mais pas résignée.

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