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Le garçon de Kumbakonam |
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Kumbakonam est une petite ville légèrement à
l’intérieur des terres, elle recèle en ses ruelles encombrées de
magnifiques temples hindous.
Lorsque nous l’avions visité l’année dernière, Venkatranam, un garçon
d’environ seize ans s’était attaché à nos pas, nous expliquant en
mauvais anglais les particularités des temples et prenant un vif plaisir
à se faire photographier en notre compagnie. Puis il nous avait emmenés
dans le magasin de vêtements de son père, où il avait insisté pour que
j’aille m’asseoir derrière le comptoir.
De retour à Bologne je lui ai envoyé les photos et nous avons échangé
quelques lettres.
Aujourd’hui nous faisons halte dans sa ville. Je lui ai téléphoné pour
annoncer notre venue et, ravi, il nous attend à la boutique.
Il a grandi, mais a gardé un air de grand bébé un peu bêta et son
anglais est toujours aussi faiblard, heureusement, Ganeshan, son petit
frère de 13 ans, l’œil vif et la langue bien pendue, maîtrise un peu
mieux la langue et sert de traducteur.
La boule transparente contenant le Négresco de Nice perché sur un rocher
sous d’éphémères flocons de neige que nous lui offrons rencontre un vif
succès et passe de mains en mains.
Nous marchons avec lui et Ganeshan dans les ruelles animées, il porte
fièrement notre caméra en bandoulière et éloigne d’un geste les
mendiants et les importuns.
Nous pénétrons dans divers temples, c’est la fin de l’après-midi,
l’heure où les prêtres officient. Dans les temples il
fait sombre et moite, l’air sent l’encens et le beurre rance déversé sur
les magnifiques statues. Le temple dédié à Shiva est énorme, les fidèles
se prosternent devant un majestueux lingam. |
Venkatranam |
Il existe deux types de lingam, le grand est bien
entendu associé au phallus, il repose parfois dans un yoni qui
représente le sexe féminin, quant au petit lingam, des historiens,
évidemment controversés, l’associent au clitoris.
Le lingam que nous contemplons dans la chaleur lourde du temple est de
toute évidence masculin, haut et fier, il fut, dit la légende, fabriqué
par Shiva lui-même.
Venkatranam nous pousse vers un vieux prêtre barbu, chevelu et ceint
d’un dhoti orange crasseux, qui accomplit ce qui semble être des
bénédictions.
Il dépose au creux de notre main droite une pincée de poudre rouge, et
Ventranakam nous signifie que nous devons nous l’étaler sur le front,
puis toujours dans la main droite (la gauche est impure) il verse un peu
d’eau que nous sommes supposés boire, inutile de dire que nous nous la
versons sans hésiter sur le menton, ensuite il applique sur nos têtes
penchées un léger coup de cache pot en métal cabossé et enfin il nous
offre, toujours dans la main droite, une poignée de fleurs fanées.
A peine finie la cérémonie, un jeune et sémillant brahmane s’approche de
nous pour nous saluer. Il s’informe courtoisement de notre nationalité,
apprenant que Fabio est italien, il le gratifie d’un grand sourire, lui
serre la main et le congratule pour la victoire de la squadra à la world
cup.
Etrange Inde !
India, le 14 juillet 2006
(... à suivre) |
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Petit temple hindou dravidien |
Plus de photos:
Le garçon de
Kumbakonam |
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