07.08.2007
La nouvelle Pondy
Malgré ses défauts, mais quelle ville n’en n’a pas, Pondicherry exerce toujours sur moi le même attrait que lorsqu’enfant son seul nom me faisait rêver. Longtemps avant les avoir vues, j’imaginais les gracieuses demeures coloniales blanches, luisantes de bois vernis et de cuivres dorés sur lesquels jouaient les pointillés de lumière découpés par les persiennes, les tissus chamarrés, la légère brise que créaient les longues pales des ventilateurs et qui rafraichissait l’air brûlant. Brûlant de chaleur et d’épices, d’odeurs exotiques et d’obscurs désirs.
Je fus une adolescente romanesque, ignorant tout des dessous du colonialisme et frissonnant aux scabreux récits d’amours illicites entre de séduisants sahibs français et de belles indiennes lascives que j’inventais à loisir.
La réalité était bien sûr différente, mais la ville blanche, découverte bien après l’âge des rêveries exotiques, proche de celle que j’avais imaginée.
J’y ai reconnu les édifices bâtis par les Français, les rues droites bordées de flamboyants, si bien nommés, dont les grappes de fleurs rougeoient au dessus des façades, en égayant la blancheur joliment fanée par le temps.
Car les flétrissures des ans accordent à la ville un charme incomparable. Il y flotte un air de douce désuétude, de nonchalance, de sérénité.
Et quand l’ennui des rues vidées par le soleil de l’après-midi se fait sentir, il suffit de franchir le canal pour retrouver l’exubérance des quartiers indiens, ses rumeurs et ses senteurs.
Mais la ville, qui telle une vieille dame élégante et distinguée se savait suffisamment belle pour ne pas avoir recours à des artifices, tirée de force de sa torpeur, est contrainte à un lifting clinquant, qui, s’il la rendra immaculée, risque fort de lui enlever son charme.
Les énormes capitaux qui se déversent sur elle pour transformer ses rues paisibles en galeries aseptisées destinées à accueillir des touristes fortunés bouleversent son équilibre intime et créent de nouveaux désordres.
Une nouvelle Pondy naîtra, vitrine d’une Inde riche et orgueilleuse, qui songe plus à parader dans la cour des grands qu’à résoudre les terribles problèmes auxquels bien de ses habitants sont encore quotidiennement confrontés.
La mondialisation est là, arrogante et oublieuse des faibles, des opprimés, des miséreux qui espèrent chaque jour un lendemain meilleur.
12:10 Publié dans Nouvelle chronique indienne | Lien permanent | Commentaires (7) | Envoyer cette note | Tags : pondicherry, inde
Commentaires
et zut les friqués tueront tout ! il faudrait trouver un mot de passe pour se passer les secrets des endroits beaux de leur décrépitude encore vivante, qu'eux seuls ne décrypteraient pas et garder des cois pour les gens de bonne volonté, avec ou sans argent.
Entendu cette nuit une bonne émission sur les avortements (et dépistages) des foetus féminins, l'évolution de la démographie et la chance ou non qu'une prise de conscience amène un changement des comportements. Et pensé à toi (ton billet) comme en lisant le numéro de Manières de voir du Diplo qui cet été est consacré à l'Inde
Ecrit par : brigetoun | 07.08.2007
Je ne comprends rien à votre raisonnement. Votre doctrine vous dicte "le colonialisme est le mal" et en même temps votre démonstration nous prouve le contraire. Mais par pitié sortez de vos préjugés sans fondements, en quoi le brassage par la colonisation est mauvais alors que vous êtes favorable à une immigration libre en Europe ? Les français en Inde n'auraient fait que du mal ? Et les indiens émigrants en Europe seraient un bienfait de l'humanité. Expliquez nous clairement tout le mal fait par la France à Pondichéry ????
Ecrit par : Olivier | 07.08.2007
Je ne comprends rien à votre raisonnement. D'un côté votre doctrine nous dit "le colonialisme est le mal", en même temps votre raisonnement nous dit le contraire. Par pitié expliquez nous pourquoi le brassage des populations par le colonialisme est mauvais, alors que l'immigration libre en Europe que vous prônez est un bienfait pour l'humanité ? Révélez nous les côtés si sombres du colonialisme puisque comme le disent vos camarades du parti , c'est un crime de l'humanité. Je veux connaître tous les crimes commis par la France à Pondichéry!!!!
Ecrit par : Olivier | 07.08.2007
Je ne comprends rien à votre raisonnement. D'un côté votre doctrine nous dit "le colonialisme est le mal", en même temps votre raisonnement nous dit le contraire. Par pitié expliquez nous pourquoi le brassage des populations par le colonialisme est mauvais, alors que l'immigration libre en Europe que vous prônez est un bienfait pour l'humanité ? Révélez nous les côtés si sombres du colonialisme puisque comme le disent vos camarades du parti , c'est un crime de l'humanité. Je veux connaître tous les crimes commis par la France à Pondichéry!!!!
Ecrit par : Olivier | 07.08.2007
quand la rage donne le hoquet
Ecrit par : brigetoun | 09.08.2007
Pondichery deviendra comme Saigon ou Shangaï, un vestige du passé,
ou comme ces iles, Baléares ou maintenant le Cap vert, du béton face à la mer colonisé par des hordes de touristes en tongues ...
Ecrit par : amarula | 09.08.2007
remarque Amarula c'est la même chose pour qui a mon âge et des souvenirs d'enfance et de jeunesse dans le Var !
Ecrit par : brigetoun | 10.08.2007
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