16.09.2006
Water
1938, dans une carriole tirée par des chevaux qui traverse la campagne indienne, une fillette rieuse joue avec les pieds nus d’un homme allongé. L’homme est en train de mourir.
Elle a sept ans et celui que la vie abandonne est son mari.
Parce que dans les Védas il est écrit : « Une veuve doit souffrir jusqu’à la mort, chaste et recluse » on lui rase le crâne et on la conduit dans l’ashram des veuves. Son destin est tracé, elle y restera jusqu’à la mort pour expier les pêchés passés de son mari.
La grosse matriarche de l’ashram règne sur quatorze femmes abandonnées qui se consacrent à la prière, mendiant leur pitance aux passants. Elles sont vêtues de blanc et leurs crânes sont rasés. Seule la belle Kalyani, qui la nuit traverse silencieusement le fleuve, peut garder longs ses cheveux et les autres l’évitent, de craindre de perdre leur pureté.
La présence de la petite Churya va bouleverser ce monde clos et pousser l’une de ces créatures oubliées à braver l’ordre établi en accomplissant un superbe geste d’amour.
Water est un film rare. Deepa Mehta, sa réalisatrice, aborde avec une extrême sensibilité le problème de l’éviction des veuves. La force de son propos, soutenue par une image d’une pure beauté – la caméra glisse amoureusement sur les personnages – et une interprétation magnifique, bouleverse, à en pleurer.
Les temps ont changé et de nombreuses veuves se remarient, mais les ashrams existent encore. Les gentils Rajpoutes de Pondichéry me l’ont bien dit « Chez nous, une femme ne peut avoir qu’un seul homme dans sa vie ».
Deepa Mehta est haïe des fondamentalistes Hindous. Le Shiv Sein (mouvement obscurantiste du Maharastra ) l’a attaquée à plusieurs reprises pour la remise en question des Védas qu’elle développe tout au long de ses films (Fire et Earth). Des cinémas ont été brûlés et le tournage de Water, empêché pendant quatre ans, a finalement dû se faire au Sri Lanka.
Water est actuellement diffusé dans des salles françaises, à Paris comme en province.
Allez-y !
Pour en savoir plus, petit lien : http://www.indeaparis.com/index.php?option=com_content&am...
Et pour terminer, cette critique :
"Water de Deepa Mehta est un film magnifique. Le jeu de toutes les actrices de la Maison des veuves est exceptionnel : intimiste, douloureux, blessé, tendre, brutal. Le lyrisme fluide de la caméra provoque un troublant contraste avec les difficultés arides rencontrées par les personnages. Le film a des choses sérieuses et ambitieuses à dire sur l’écrasement des femmes par des dogmes sociaux et religieux atrophiés. Mais, et c’est tout à son honneur, le film raconte cette histoire de l’intérieur, accentuant ainsi le drame humain de leur existence, et nous touchant droit au cœur."
Salman Rushdie
Bonus : en haut à droite deux liens pour voir les premières vidéos sur l’Inde
17:55 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent | Commentaires (2) | Envoyer cette note
Commentaires
ben te voilà aussi critique cinéma...
héla, totale frustration, ce n'est pas demain que ce film sera diffusé sur les écran chiliens....
Ecrit par : betrtanD | 16.09.2006
il faudrait tout de même que je me remette au cinéma abandonné depuis des dizaines d'années (juste assez de temps pour le théâtre et la musique) parce qu'il correspond assez bien au style Utopia
Ecrit par : brigetoun | 16.09.2006
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