Quand les
mots anciens ne se forment plus sur la langue, des mélodies
nouvelles surgissent du cœur; et là où les vieilles pistes
ont disparu, un nouveau pays se révèle avec ses merveilles.
Rabindranath Tagore, "Gitanjali" |
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LES TEXTES: |
(CHENNAI ET TAMIL NADU) |
Chennai, enfin |
Kollywood Party |
Chennai, d’un set à l’autre |
Johny, un garçon
positif |
Johny : de la
difficulté à être musulman |
journée à
Madurai : chez Mohammed (1) |
journée à
Madurai : chez Mohammed (2) |
Une soirée à
Madurai |
(PONDICHERRY et MAHE) |
14 juillet
à Pondicherry |
Pondicherry,
les gens |
Les gens
de Pondy : Jean-Michel |
Les gens
de Pondy (suite) |
D'autres
gens de Pondy |
Ah les filles,
ah les filles |
La
nouvelle Pondy |
Mahe, une perle au
bord de la rivière noire |
Mahésiennes et
Mahésiens |
Mahe, d’un lieu de
culte à l’autre |
Quitter Mahe
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(KERALA) |
Kaippattoor au quotidien |
Chez Roy à
Keerithodu |
Un dimanche à
Ernakulam |
Souffrir dit-elle |
Mon
dentiste préféré |
La casa delle
mamme : la rencontre |
La casa delle
mamme : Happyland |
Namaste : l’école
des handicapés |
La casa delle
mamme : deux noix de coco fraîches… |
Casa delle
mamme (suite) : les Sims |
Namaste : Dix
petits indiens |
Namaste : au
cirque |
(ON THE ROAD) |
De Chennai à
Kaippattoor |
De
Kaippattoor à Pondicherry |
Inde, 60
ans d’indépendance |
Je craque ? |
Rentrer |
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LES PHOTOS: |
Ranganathaswami Temple in Trichy |
Mahe: la
rivière et les fleurs |
Mahe:
people and culture |
Chennai
d'un set à l'autre |
Pondicherry: Peter, Flora et les autres |
Pondicherry:
marché aux poissons |
Pondicherry:
le marché |
Railways: de Angamali à Trivandrum |
Happyland avec "la
casa delle mamme" |
LES VIDEOS: |
Mahe, une perle indienne |
Jogging in Pondicherry |
Fisherman in Pondicherry |
Une nuit à Pondicherry |
Défilé in Pondicherry |
Happyland et la casa delle mamme |
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CERTAINS DROITS
RESERVES: |
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" 14 juillet à Pondichéry " |
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Le 14 juillet 1789, le peuple français, exaspéré
par un régime de privilèges a pris d’assaut la Bastille. La
révolution était née. Il s’en est suivi des rêves de démocratie et
des flots de sang, des têtes ont roulé dans la sciure et un obscur
petit général corse, fin stratège aux ambitions démesurées, a
profité de l’occasion pour devenir empereur. |
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Après, la France est entrée de façon durable en république.
Le 14 juillet, prenant du galon, fut déclaré fête nationale.
On danse sur les places des villages, les fusées pètent dans le
ciel, et les soldats, zim pa zim pa zim palala, défilent au rythme
des fanfares.
La nuit est douce et le peuple, invité à la fête (après tout c’est
la sienne), se réjouit sous les étoiles en buvant du mousseux, de la
piquette ou de la bière fraîche. |
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Hors de France, dans certains consulats, comme par exemple celui de
Pondichéry, il en va autrement. Le touriste de base français, celui
qui ne connaît personne mais qui, en ce soir de fête nationale, le
chicken masala lui pesant sur les intestins, la chaleur lui
brouillant les idées, lassé de se confronter au dodelinement de la
tête des indiens chaque fois qu’il pose une question, même simple
comme : « where is the station, please ? », bref, le touriste
inconnu, qui, en ce soir de 14 juillet se sent soudainement la fibre
gauloise et souhaiterait ardemment échanger quelques banalités dans
sa langue maternelle avec des congénères et prié sans ménagement par
le service d’ordre indien d’aller se faire voir ailleurs ! |
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Pour avoir la chance d’assister à la sauterie qui se tient dans les
jardins du consulat il faut être muni d’une invitation.
Mais notre petite équipe de tournage (Flora, Peter, Fabio et moi),
bien décidée à filmer la réception s’accroche et insiste.
Malheureusement le temps passe, les invités entrent, les exclus se
lamentent (surtout ceux d’entre eux qui résident dans la ville), les
flonflons commencent, il se met à pleuvoir et nous arpentons
toujours le trottoir dans l’espoir de parvenir à convaincre les
vigiles de l’importance essentielle de notre présence intra muros.
Nous aimerions commencer notre documentaire par cette célébration du
14 juillet. |
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Finalement, un invité compatissant intervient en notre faveur et
nous pénétrons dans le lieu convoité juste au moment ou retentit le
discours consulaire.
La pluie a cessé mais la chaleur est restée et la sueur perle sur
les fronts des serveurs qui passent de groupe en groupe, portant des
plateaux de vin et de mets français (dont de délicieux camemberts
qui étalent sans retenue leur pâte jaune sur des feuilles de
bananiers). |
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Sur la scène danse une fillette (on annonce qu’elle n’a que huit
ans), elle exécute un long et difficile ballet de Baratha Natyan. Un
demi-sourire est figé sur sa petite bouche, et seuls ses yeux,
suivant les codes de la danse, bougent dans son visage impassible.
Je n’aime pas que les enfants soient ainsi donnés en spectacle
devant un parterre d’adultes. Je ne peux m’empêcher de me demander
quelle est la part de contrainte. Il y a là quelque chose qui me
dérange.
J’observe le public, essentiellement français, complètement
français, je les connais, je les reconnais : des femmes entre deux
âges vêtues de courtes robes noires, voulant laisser croire qu’elles
appartiennent encore au plus jeune des deux, décolletés plongeants,
talons, rires hauts perchés, battements de cils, des pseudos
artistes en lin chiffonné, de vrais artistes peut-être aussi, des
affairistes, des beautés en sari, des jeunes gens venus travailler
dans des ONG, des anciens d’Auroville devenus des célébrités
locales, restaurateurs ou antiquaires, de jeunes entrepreneurs venus
importer des produits hexagonaux et qui cherchent à nouer des
relations. Les regards se croisent et les nouvelles têtes sont
évaluées suivant l’intérêt qu’elles peuvent représenter. |
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La Marseillaise retentit. On trinque.
Des groupes se font et se défont.
J’entends « contact », « merci », « téléphone », « je vous présente
», « enchanté ».
Fabio filme.
Nous ne nous attardons pas, et quittons les lieux au son de « sous
les ponts de Paris ».
Des ponts de Paris à Pondichéry, au son de l’accordéon. |
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