03.08.2007
D'autres gens de Pondy
A Pondy, les tou-tou, les tou-tou, les touristes ne forment pas un groupe homogène.
Il y a les jeunes, sac sur le dos et petit budget, qui s’attardent volontiers plusieurs jours (ou semaines) dans la ville. Certains sont d’ailleurs plus des voyageurs à long terme que des touristes. Comme le doux et serein Tobias danois et polyglotte, qui, entre deux séances de yoga et de méditation, finance son voyage en faisant des traductions ou Philémon qui va de ville en ville pour publier, sous la forme d’un recueil vendu par correspondance, les œuvres des artistes locaux.
D’autres, attirés par l’ashram de Sri Aurobindo logent dans une des guest houses que possède celui-ci, ils voyagent avec des petits budgets et louent des motos (ce qui à mon avis est très courageux vu la pagaille totale de la circulation et l’absence de réglementation en la matière) pour sillonner la ville et aller se baigner à la plage d’Auroville.
Mais ce n’est pas sur eux que le ministre du tourisme, qui nous reçoit dans son bureau, compte pour le futur développement de la ville.
Ses vues sont beaucoup plus ambitieuses car il entend faire de Pondy le Miami de l’Inde (ce qui, entre nous, représente un sacré challenge), destiné à accueillir, non pas prioritairement des occidentaux fauchés en goguette, mais des riches familles indiennes venues de tout le pays, des scheiks cousus de pétrodollars ou des asiatiques fraîchement enrichis.
Pour ce faire, les anciennes belles demeures coloniales, de la ville blanche, ou tamoules, de la ville noire, sont progressivement rachetées par des hôteliers argentés (souvent venus du nord de l’Inde), restaurées grâce à des aides de l’Etat, qui, en contre partie, veille à la qualité des travaux et au respect de l’architecture originale.
Le résultat est superbe. Le splendide hôtel Calvé ou l’hôtel de l’Orient peuvent être fiers des chambres qu’ils proposent pour la « modique » somme de 150 dollars la nuit : aïe aïe aïe… voilà qui ne tardera pas à vider le quartier des jeunes routards désargentés. Ceux-ci n’auront alors d’autres choix que les guest houses de l’ashram, économiques mais où le client est soumis à de nombreuses règles, comme l’interdiction de fumer ou l’obligation de regagner sa chambre avant 22 heures, où celles, sommaires et souvent craspouilles, que proposent les tamoules de la ville noire.
Ashok, de l’Intach (Indian National Trust for Art and Cultural Heritage), nous montre les images virtuelles de la ville du futur, nickel, ordonnée, immaculée, dont le front de mer, agrémenté de réverbères et de kiosques, semble imiter la fameuse promenade des anglais niçoise.
Nous demandons : « Et les rickshaws ? Et les vélos ? Et les vaches qui vagabondent dans les rues ? ».
On nous répond que la zone sera piétonne, mais que les deux roues pourront y circuler, quant aux vaches, la question reste en suspens.
Je m’interroge aussi sur le sort qui sera réservé aux centaines de miséreux qui dorment à la belle étoile devant l’hôpital, juste à la limite de la calme ville blanche, parce qu’ils ont besoin de soins où qu’un proche est hospitalisé. J’espère ardemment que dans les somptueux projets pour le futur des structures d’accueil sont prévues.
Dernière communauté d’importance, les « ashramites ». On les reconnaît immédiatement. Ils sont souvent des Indiens du nord, plus tout jeunes mais encore minces (les Indiens et surtout les Indiennes fortunés ayant une nette tendance à l’embonpoint une fois passées les jeunes années), identifiables grâce à la couleur claire de leur peau (les Indiens du sud ont la peau très sombre, comme Krishna, représenté en bleu), leurs vêtements traditionnels en coton de couleur claire, pantalon et tunique pour les hommes et certaines femmes (mais sans l’écharpe), les autres revêtant des saris impeccables, leurs cheveux soigneusement nattés, tirés sans qu’un seul ne dépasse. Bref un look plutôt austère, sans chichis ni fanfreluches.
Ils agissent, j’en suis persuadée, pour le bien de l’humanité en pratiquant la méditation et en gérant des œuvres caritatives, ils prônent un mode de vie simple et solidaire que j’approuve sans réserves, ils sont d’excellents gestionnaires en ce qui concerne leurs nombreuses propriétés foncières et commerciales et ils vivent dans le culte de Sri Aurobindo, penseur et philosophe, plus encore dans celui de la mère, sa compagne française qui a énergiquement poursuivi son œuvre. Dans tout cela ils n’ont oublié qu’une chose, malheureusement essentielle : le sourire.
Les Indiens sont tous d’un naturel aimable, sauf les ashramites de Pondy.
Que ce soit dans leurs hôtels ou dans leurs salons de thé, la mine renfrognée est de mise, l’échange verbal réduit au minimum, et le moindre écart du client, comme vouloir faire une photo, sévèrement réprimandé.
Ils semblent être convaincus d’appartenir à une élite, basée à Pondy pour sauver une espèce humaine qu’ils méprisent à laquelle ils sont peu désireux d’appartenir. Un doute m’assaille : seraient-ils des extra-terrestres…
Et puis il y a les Indiens, Tamouls ou venus d’autres régions.
Certains roulent en 4x4 climatisés, à l’abri de leurs vitres fumées, d’autres, et ils sont nombreux, dorment dans la rue ou mendient devant les lieux que fréquentent les touristes, d’autres encore sont pêcheurs, artisans, commerçants ou fonctionnaires.
C’est ainsi.
05:20 Publié dans Nouvelle chronique indienne | Lien permanent | Commentaires (3) | Envoyer cette note | Tags : Pondicherry, Tamil Nadu, Inde
Commentaires
pourquoi faut il, sous tous les cieux que restauration (remarque esthétiquement c''est mieux que de grands immeubles modernes même luxueux)aille de pair avec nettoyage, si beau nettoyage que la vie n'y a plus droit de séjour qu'endiguée et dorée sur tranche.
J'aime bien ta marchande
Ecrit par : brigetoun | 03.08.2007
On s'en tape de ton article
Ecrit par : papy | 04.08.2007
curieux comme dans le désert des vacances les nuisibles imbéciles restent. J'espère que vous restez dans le sud
Ecrit par : brigetoun | 04.08.2007
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