21.11.2006
Gili Air, une journée au paradis (suite)
La plage est encore vide, nous nous installons à notre place habituelle - c’est fou ce qu’on prend vite des habitudes - à l’ombre du grand arbre.Elle n’est pas extraordinaire la plage, pour qui n’a pas succombé au charme de l’île et la gentillesse de ses habitants, elle peut même sembler banale.Je sors ma boite d’aquarelle pour tenter, une fois de plus, de peindre la côte de Lombok : le vert olive délavé, le beige et le gris des collines, le vert cobalt des palmiers, le jaune pâle de la plage… et la mer, qu’il est difficile de peindre la mer ! Tout me pose problème, ses camaïeux de bleus, qui vont du cobalt au turquoise, veines d’émeraude, blanche écume, sans parler de l’impression de mouvement.
C’est un défi impossible, d’ailleurs ai-je vraiment envie de figer cette beauté ?
Dix heures, les premiers vendeurs ambulants débarquent sur la plage, ils viennent tous de Lombok, par le même bateau. Les hommes proposent des colliers de petites pierres, turquoise, jade, œil de tigre, ou de perles, des objets artisanaux, des tissus, des chemises, des tee-shirts. Ils vendent tous plus ou moins la même chose. Les premiers jours ils ont été très insistants, depuis l’attentat de Bali, la fréquentation touristique a baissé, moins de clients, moins de ventes, moins d’argent. Nous avons acheté un peu à l’un un peu à l’autre, maintenant ils nous connaissent, ils s’asseyent près de nous à l’ombre du grand arbre et nous discutons, de leur vie et de la nôtre, nous comparons les prix, ils sont surpris par ce que je leur explique, tant d’argent pour ne même pas être riche !
Jan est notre préféré, contrairement aux autres qui sont des revendeurs, il fabrique lui-même ses bijoux, avec l’aide de sa femme. Il est toujours de bonne humeur et les questions qu’il pose dénotent une grande curiosité et une grande ouverture d’esprit. Il va au-delà des questions matérielles, il m’interroge sur la religion telle qu’elle est pratiquée en Europe, sur l’éthique, sur la finalité du développement économique qui passe très loin au-dessus de Lombok.
Hier il nous a invités chez lui, à Pemalang, sur Lombok. Il habite avec sa femme et Agama, leur bébé, une petite maison de bois qu’il a construite avec ses amis, dans une ruelle animée. Ils ont l’électricité, mais pas l’eau qu’il faut aller puiser.
Le quartier est très modeste, les égouts sont d’étroits canaux à ciel ouvert, mais les ruelles ne sont pas pour autant sales, les cabanes sont peintes, il y a des fleurs, on entend jouer les enfants dans la cour de l’école voisine.
Nous nous sommes assis dans le jardinet, d’autres garçons sont arrivés, ils nous ont posé plein de questions. Jan se fait du souci pour le futur, si le nombre de touristes baisse encore, il devra changer de travail. Il nous a raconté qu’à 14 ans, ses parents l’avait envoyé dans la montagne, pour être bucheron, il y est resté plusieurs années, le travail était très dur. Il aimerait avoir un poulailler, pour élever et vendre des poules au marché, d’après lui, c’est d’un bon revenu, alors, quand il le peut, il met de l’argent de côté.
Ils sont pauvres, mais ne sont en rien misérables et ils aiment la vie qu’ils mènent, même si souvent ils souhaiteraient avoir un peu plus d’argent.
Ils ne connaissent ni le froid, ni la solitude, entre membres d’une même famille, entre habitants d’un quartier la solidarité est de mise.
Jan nous a raconté le mariage de sa sœur, la cérémonie, la fête. Je lui ai demandé si il y a eu un repas, si le jeune couple avait reçu des cadeaux, il a répondu en riant que oui, ils ont mangé ensemble, partageant ce que chacun avait apporté, un régime de bananes, un poulet, des ananas, c’était ça, les cadeaux.
Il nous aussi parlé du peu de confiance que les indonésiens accordent à leurs politiques, de la corruption, omniprésente. Comme l’immense majorité des indonésiens, Jan est musulman. L’islam pratiqué en Indonésie a toujours été très modéré, très ouvert et l’attentat de Bali est très mal perçu par la population.
Puis il nous a accompagnés à l’embarcadère et, après avoir acheté nos billets, nous avons attendu le bateau régulier. Assis sur un banc au milieu des femmes. Pour que le bateau parte, il faut qu’il ait un nombre de passagers suffisant, plus exactement que la compagnie fasse un bénéfice. L’attente s’est prolongée car le nombre de clients ne permettait pas de remplir la condition et nous avons patienté plus d’une heure, jusqu’au moment ou quatre touristes nordiques, chaussures de montagne et sac à dos, sont arrivés, le guichetier leur a vendu, en omettant probablement de le leur expliquer, quatre billets dont le prix a représenté la somme manquante. Petite entourloupe qui a permis au bateau de partir.
à suivre...
09:00 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (13) | Envoyer cette note | Tags : gili air, indonésie
Commentaires
Ca fait tout de meme envie !
Ecrit par : Jean Christophe Bataille | 21.11.2006
Un bien joli dépaysement, un récit bien conté, qui donne envie d'en savoir plus!
Ecrit par : enriqueta | 21.11.2006
pas mal du tout l'appareil - l'eau est transparente et mouvante - elle reprend la variété des tons de la dernière photo - me fait rêver le bateau
Ecrit par : brigetoun | 21.11.2006
ça ne va vraiment pas - qu'est ce qui a pu me faire mettre l'appareil pour l"aquarelle ?
Ecrit par : brigetoun | 21.11.2006
Agréable récit, on te suit avec plaisir , à bientôt pour la suite.
Ecrit par : tanette | 21.11.2006
dommage pour Siny et Roy je n'arrive à avoir que le son, me permet de connaître ta vois - et l'affiche est épatante
Ecrit par : brigetoun | 21.11.2006
De nouveau, un bien beau récit.
Qu'il est bon d'être dépaysée ainsi, et pendant le temps d'une lecture transportée dans un autre monde. Que tu décris avec beaucoup de tendresse.
Ecrit par : Otir | 22.11.2006
merci à tous
et Oui Jean Christophe, ça fait envie....
@brigetoun
les infos pour brigetoun
pour regarder le trailer sur le site:
http://www.fabionik.com/siniroy/siniroy.htm
pour le clip à charger il faut installer un lecteur divx sur le site
http://www.divx.com
si non, on n'a que le son et pas les images
Fabio
à tous, la suite demain, aujourd'hui je n'ai pas le temps
Ecrit par : céleste | 22.11.2006
Récit qui coule, alors même que le temps est si loin de ce ciel bleu et de cette eau que l'on devine douce,
sinon, le prix juste c'est celui qui ne surprend pas trop n'est-il pas ?
Ecrit par : Le bateleur | 22.11.2006
Merci pour la suite du voyage.
Sacrée pin-up en maillot de bain.
La Royal peut aller se rhabiller !
Merci aussi pour le lien.
Bises
Ecrit par : corinne | 22.11.2006
Wahouuuu ! C'est quoi ta recette pour être si parfaite ;-)
Merci pour tes récits, quel dépaysement, ça fait du bien.
Ecrit par : Sophie Ménart | 23.11.2006
merci les filles!!!
Ecrit par : céleste | 23.11.2006
Et c'est là qu'en allant visiter la page du trailer, je découvre que je n'ai pas du tout perdu mon italien ... héhé
Ecrit par : Sophie Ménart | 23.11.2006
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