19.07.2006
Johny et Taoufik : deux potes
Johny
L’année dernière, lorsque j’avais donné deux heures de leçon de français aux élèves du Jamal Mohamed College de Trichy, j’avais écrit mon e-mail au tableau et incité la centaine de garçons à qui j’avais peu avant fait chanter une interprétation très personnelle de l’alphabet de Mozart, à m’écrire. Un seul l’a fait : Johny Basha.
Un sportif Johny, à 20 ans il est champion de tennis de son école et champion national de tir.
Un beau mec Johny, physique de jeune homme comme on les voit à la télé, il ne porte ni la moustache ni la chemise à carreaux et certainement pas le dhothi.
Un mec sérieux Johny, mais pas trop. Il étudie l’informatique, et, a une girlfriend, fait rare chez les jeunes indiens en général et rarissime dans la grande ville provinciale de Trichy.
Son père est serveur dans un restaurant et sa mère ne travaille pas. Leur appartement est tout petit, on nous y reçoit avec une délicieuse gentillesse. Johny est fils unique et visiblement tous les efforts des parents se sont concentrés avec bonheur sur lui.
Il est bien élevé et respectueux. Il est musulman mais avec un certain recul, il parle plus de sa foi que de la religion.
Taoufik
Après observation je peux diviser les hommes du sud de l’Inde en deux types morphologiques distincts : le petit costaud (ou gros suivant les cas) et le moins petit maigre, qui, avec l’âge, prend du ventre, mais seulement du ventre. De dos la silhouette reste la même : hanches étroites, petites fesses plutôt plates, longues jambes maigres toutes droites style allumette, de face une protubérance ventrale rebondit sur la ceinture du pantalon, l’archétype en est l’acteur tamil Rajini. Taoufik, le pote de Johny appartient à la deuxième catégorie.
Il a un beau visage aux traits doux et réguliers, les cheveux indisciplinés et une barbe naissante.
Les deux sont amis depuis toujours et ils semblent se compléter, le calme de Taoufik modère l’impétuosité de Johny dont l’enthousiasme sort Taoufik de sa réserve.
Il étudie le commerce et veut devenir riche. Jadis sa famille a eu beaucoup d’argent, son trisaïeul possédait une partie de la ville et a crée le Jamal Mohamed College. Mais la richesse n’a pas survécu au défilé des générations et Taoufik nous confie que ses parents sont pauvres.
Il est beaucoup plus attaché aux traditions et à la religion que son ami.
De tous les jeunes gens que nous avons rencontrés jusque là Johny et Taoufik sont ceux qui ressemblent le plus aux occidentaux du même âge, il sont différents de Venkatraname, l’adorable garçon un peu bêta de Kumbakonam et d’Ahmed Riaz, le jeune intello du train de Mayanoor. Mais tous ont un point commun, une extraordinaire disponibilité mêlée à une infinie gentillesse et à une immense curiosité.
India, le 19 juillet 2006
13:55 Publié dans Chronique indienne | Lien permanent | Commentaires (2) | Envoyer cette note
Commentaires
Cela me permet de poser une question sur la place de l'Inde dans l'occidentalisation générale du monde... plutôt uen locomotive ou un frein...
On est loin des théories du Tiers monde comme groupe à part de pays pendant la guerre froide...
je vois tous ces ingénieurs indiens dans la Silicon Valley.. et puis ceux que vous décrivez...
Ecrit par : Bertrand | 19.07.2006
l`Inde que je vois ici dans le sud est tres peu occidentalisee, les indians sont tres attaches a leur culture et a leurs traditions. bientot nous serons a bangalore, justement la silicon valley, j en saurai plus
Ecrit par : celeste | 20.07.2006
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