19.08.2006
La petite fille aux grands yeux
A la maison de Rajesh, une petite fille aux grands yeux sombres, pauvrement vêtue, joue avec le bébé. Elle s’appelle Mary, elle dit avoir 14 ans, ce qui me semble excessif. Je lui demande : « School ? » elle me répond : « ilé, ilé » qui veut dire non en malayalam, la langue du Kerala.
Plus tard, je comprends qu’elle vit avec la famille, elle s’occupe du bébé et accomplit quelques tâches ménagères simples.
La gestion de la maison est très bien organisée, de toute évidence, c’est Molly, la mère, qui dirige les opérations. Priya aide à la cuisine et Mary joue avec le bébé.
Le dîner est excellent et nos hôtes adorables, mais seul l’homme de la famille prend place à la table avec nous.
Rajesh et sa mère parlent bien anglais. Cultivés, intelligents et curieux, ils nous posent de nombreuses questions sur la France et l’Italie. Ils estiment que leur mode de vie est meilleur que le nôtre, les familles sont plus solidaires et les anciens ne sont jamais abandonnés.
J’explique qu’en ce qui me concerne, mes parents sont jeunes et en pleine forme, qu’ils ont de nombreuses activités et qu’ils n’ont pas plus envie de vivre avec moi que moi avec eux ! Cela les fait rire.
Mary vaque d’une pièce à l’autre, le bébé dans les bras. Elle rit et chante joyeusement. Elle parait heureuse. Je comprends, ou je crois comprendre, qu’elle est une petite fille très pauvre que des difficultés familiales insurmontables ont séparé de ses parents et qu’ici, en échange de menus services, on lui donne de la nourriture et un toit. La petite Trissa n’ayant que quelques mois et le couple envisageant d’avoir d’autres enfants, j’imagine que l’avenir de Mary est tout tracé.
Evidemment je pense aux petites bonnes de jadis, placées dans des familles bourgeoises, ayant la charge des enfants et accablées de travaux ménagers qui consacraient leur vies à des patrons plus ou moins gentils et honnêtes.
Les pratiques bourgeoises sont semblables sous toutes les latitudes.
Mary vient peut être de l’enfer, ici, elle semble heureuse, elle adore le bébé et va et vient à sa guise dans la maison. Mais elle ne va pas à l’école et n’appartiendra jamais à cette famille qu’elle semble tant aimer.
Catholiques convaincus, nos hôtes terminent la journée par une prière puis la maison est consciencieusement fermée et chacun se retire dans sa chambre.
Demain, nous les remercierons pour l’extrême gentillesse de leur accueil et nous reprendrons la route.
India, le 16 aout 2006
06:35 Publié dans Chronique indienne | Lien permanent | Commentaires (3) | Envoyer cette note
Commentaires
tu es sure pour Mary qu'elle ne fait que vaquer vaguement en jouant avec le bébé? et comme tu dis son avenir est tout tracé, sera-t-elle payée un jour d'autre chose que de bonnes intentions ?
Ecrit par : brigetoun | 19.08.2006
Mary a de grands yeux mais un regard inquiet, pauvrette.
Ecrit par : tanette | 19.08.2006
disns qu en 24 heures je l ai seulement vue faire la vaisselle, mais nous etions la, sinon je ne sais pas et Rajesh ne parle pas tres bien anglais, chaque fois que j ai aborde le sujet il a elude
Ecrit par : celeste | 23.08.2006
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