10.09.2006
Nuit blanche à Roma
A l’instar de Paris, Rome a sa nuit blanche, prometteuse de rencontres artistiques, musicales, théâtrales et chorégraphiques.
En cet fin d’été la douceur de l’air incitant à la flânerie nous prenons le train avec des amis vers la ville de tous les souvenirs.
Ce soir ils seront felliniens. Comment ne pas penser à Roma en empruntant le métro de la ville. Il n’y a que deux lignes, la richesse des vestiges archéologiques enfouis dans le sol est telle que la moindre excavation révèle au grand jour des trésors oubliés et qui, comme les éclatantes fresques de la villa découverte dans le chantier sous-terrain du film, peuvent s’effacer en quelques secondes au contact de l’air.
Au fil de l’après-midi, alors que la ville doucement se remplit de badauds, nous déambulons dans les rues. Sur les marches de la Piazza di Spagna, les hippies ont laissé la place aux touristes : Nordiques, Anglais, Japonais.
Piazza Navona, les inévitables marchands de reproductions d’un goût plus ou moins sûr, les caricaturistes et peintres approximatifs occupent le terrain. Assis sur un banc nous regardons défiler les passants. Les romaines affichent fièrement leur bronzage, la mode est à la mini jupe ou au short, porté avec des bottes genre santiags, l’effet se veut sexy mais évite rarement la vulgarité, surtout lorsque la donzelle affiche des formes… felliniennes.
Derrière la Piazza del Campidoglio (le Capitole) la foule commence à s’amasser devant la scène où plus tard s’enchaineront des spectacles : des extraits de Roméo et Juliette, Gianni Morandi (un chanteur populaire bien gentil) et sa guitare (précise le programme), Gigi Proietti, un comique romain que tout le monde connaît sauf moi et enfin, vers cinq heures du matin, un montage de quelque chose sur des musiques de Philip Glass.
Un peu plus loin, Piazza Venezia, dominée par le gros et lourd Vittoriano, (Autel de la Patrie) où la caméra stylisée de Greenaway a joué sur les froides colonnes, une affiche pour une exposition d’art flotte sous le balcon, de sinistre mémoire, où le Duce haranguait la foule. Aujourd’hui elle fait la queue pour contempler, émue, la coupe du monde de foot nouvellement gagnée- évènement hautement culturel comme chacun sait.
Nous dînons sur une terrasse dans une ruelle animée. Mais le temps de Roma est loin, la clientèle n’est plus composée de familles en goguette, mais de couples et de touristes et aucun chant ne vient égayer la soirée.
Les rues de Rome sont vides d’enfants. En deux générations les Italiens sont passés de la mamma au ventre généreux à une frilosité reproductrice impressionnante. Les couples ont, dans le meilleur des cas, un seul enfant, qu’ils conçoivent avec d’infinies précautions aux alentours de la quarantaine. Le taux de natalité est le plus bas d’Europe. Il est vrai que les prestations et aides familiales sont insignifiantes.
Retour sur la Piazza Venezia où l’on peut suivre sur un écran les extraits de Roméo et Juliette, mais les cris et chuchotements trop appuyés qui entrecoupent la musique nous dissuadent rapidement de suivre la projection.
La via dei Fori Imperiali qui mène au Colysée est bondée, maintenant la foule s’est répandue dans la ville, surveillée par un impressionnant dispositif policier. Nous parvenons péniblement à l’arc de Constantin, pour assister à un spectacle musical qui se révèle rapidement de piètre qualité. Afin de nous extraire de la marée humaine nous parcourons la via Sacra qui traverse le forum et c’est le plus beau moment de la soirée.
Suite à quoi la longueur de la file d’attente nous dissuade de visiter une exposition dédiée à Hugo Pratt et nous décidons de changer de quartier.
Il y a vingt ans j’avais découvert avec ravissement le Campo dei Fiori. Ses façades fissurées, ses balcons rouillés où séchaient les draps et les chaussettes, ses enfants qui jouaient au ballon, m’avaient plongée dans l’ambiance des films néoréalistes italiens de mon enfance.
Mais depuis les familles populaires ont cédé la place aux bourgeoises, les façades et les balcons ont été repeints, les terrasses des restaurants ont envahi l’espace, les enfants ont disparu et bien qu’ayant gardé sa beauté la place a perdu son charme, enfin pour le peu que nous pouvons en voir, car elle disparaît sous la foule.
Avec tout ça il est minuit et l’envie nous prend de nous reposer sur le nouveau bateau-mouche à la romaine qui parcourt le Tevere.
Roma, le 9 septembre 2006
(…à suivre)
18:40 Publié dans En Italie | Lien permanent | Commentaires (4) | Envoyer cette note
Commentaires
@hervé, message perso : si tu passes en ces lieux sache que je ne peux toujours pas poster chez toi mais que je soutiens ta cause à 100%
Ecrit par : céleste | 10.09.2006
pour hervé n'étant pas au courant, je ne sais pas (sourire)
Pour la nuit blanche, j'ai entendu cela et me suis mise à rêver, quel cadre ! et mes jambes ont protesté en pensant à ce qui reste tout de même des collines
Ecrit par : brigetoun | 10.09.2006
Vous avez effectivement choisi la belle saison pour y aller. J'ai adoré à Rome la perspective qu'on a depuis les terrasses sur les toits des autres maisons et les murs ocres .. et un je ne sais quoi de légéreté dans l'air .. Bonnes vacances ..
Ecrit par : amarula | 11.09.2006
L'Italie m'a toujours fait rêver... Malheureusement je n'ai pu y aller qu'une fois, mais j'en garde un excellent souvenir : un ptit bled paumé dans les Marches, pas loin de l'Adriatique, un vrai bonheur !
Ecrit par : Rose | 23.09.2006
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