26.09.2006
Spaghettis bolognaise ?
Toujours soucieux de soutenir Namaste, nous accompagnons Valéria à un dîner. Confiants et naïfs, nous n’avons, ni l’un ni l’autre, eu l’idée de lui demander de quoi, précisément, il retournait.
J’ai mis une jolie robe, au cas l’élégance serait de mise.
Elle ne l’est pas, le style de la soirée est plutôt bonne franquette que « prout ma chère » !
L’Emilie Romagne est La région des centres sociaux pour personnes âgées. Ils fleurissent dans chaque quartier, proposant à la vieillesse dynamique, ou non, une foule d’activités qui vont du shiatsu à l’aquarelle en passant par la cuisine péruvienne et la marche en montagne. Remarquablement bien organisés, ils offrent une précieux alternative à la solitude et la mélancolie.
Nous voilà donc au sein d’entre eux. Dans la grande salle de réunion, les tables sont dressées. Sur le côté, une Pakistanaise, dupatta sur les cheveux, et une Somalienne, foulard arrondi qui fait une face de lune, vendent les incontournables produits artisanaux de leurs pays respectifs, en épiant d’un œil reconnaissant, mais néanmoins critique, cette humanité du troisième âge qui entend bien passer la soirée à s’amuser. Car les flons flons du bal se font déjà entendre et un petit chanteur en chemise à pois roucoule dans son micro les romances des années soixante.
Le repas, préparé par les nonne (mamies), émérites cuisinières, sert à financer différentes œuvres caritatives, parmi lesquelles le parrainage d’une dizaine d’enfants placés dans des family house de Namaste aisi que d'une douzaines d'ammachis. Nous y voilà !
Petite satisfaction, bien que quinquagénaires (mais si peu), nous sommes, et de loin, les benjamins de la soirée. Deux gamins ! ça ne nous arrive pas tous les jours.
Et la grande bouffe commence par des tortellonis à la ricotta, nappés d’une sauce tomate aux lardons et aubergines.
Les tortellonis et les tortellinis sont Les Spécialités bolognaises. J’en profite pour signaler à toutes mes lectrices, et lecteurs, que les fameux spaghettis à la sauce bolognaise que l’on trouve partout où l’aventureux touriste occidental a eu l’idée de trimbaler son sac à dos, sont une pure et simple invention. Ils existent aux quatre coins du monde, mais pas à Bologne, où l’on consomme avec délices des tagliatelles au ragù (le ragù étant une sauce à base de tomates, mortadella, saucisson et carottes pour tuer l’acidité) et des tortellonis et tortellinis, (à ne pas confondre les uns avec les autres, s’il vous plaît).
C’est une des raisons pour laquelle Bologne est surnommée la ville des trois T :
T comme Tortellini et Tortelloni
T comme Torri (tours, il y en avait 400)
T comme « Tette » qui signifie nichons.
Autant dire que la bonne chère et la franche rigolade y sont de mise, enfin, y était, ces dernières années la ville a changé, mais les anciens Bolognais se souviennent d’un temps de licence et de fête.
Au tortellonis, succèdent viandes et saucisses grillées, et mon voisin d’en face, un adorable vieux monsieur, qui n’avait, jamais au grand jamais, mis un pied en dehors de l’Italie, nous raconte avec émotion le séjour qu’il a effectué cet été à Vellanad, au siège kéralais de Namaste. Venu rencontrer son filleul, il a découvert une réalité douloureuse qui, nous confie-t-il, lui a rappelé son enfance pauvre dans la province de Ferrara.
Le petit chanteur en chemise à pois entonne vaillamment « O sole moi » que l’assistance, ravie, reprend en chœur.
Le Pignoletto (vin blanc frizzante des coteaux de la campagne bolognaise), coule à flots. Les dames gloussent de plaisir et les hommes se rengorgent. Il règne, dans ces centres sociaux, une certaine mixité sociale traditionnelle à Bologne. Le médecin et l’ingénieur en retraite côtoient l’ex ouvrier et la caissière au repos, dans un climat apparent de franche camaraderie. De retour à la maison, chacun reprend sa place, Bologne est aussi (j’y reviendrai) une ville d’une remarquable hypocrisie.
Mais ce soir on s’amuse, et on danse, le ventre plein et la bonne conscience en repos.
On danse la tango et la valse musette, mais surtout, spécialité locale, les danses collectives, tout le monde en file, pied droit en avant, pied gauche en arrière, deux petits pas de côté et hop je tourne et je recommence, bien en rythme, et gare au malheureux qui rate un pas !
C’est qu’il ne fait pas bon, en Emilie Romagne, trop sortir du rang.
Ce qui ne tarde pas, incapable que je suis de répéter une suite de mouvements, à être mon cas.
Peu importe, tout le monde s’amuse et de nouveaux petits Indiens pourront aller régulièrement à l’école et bénéficier d'un suivi médical.
Et moi, émue, je revis les bals de mon enfance berrichonne.
Que demander de plus ?
16:15 Publié dans En Italie | Lien permanent | Commentaires (4) | Envoyer cette note
Commentaires
je reste sur ma faim : différence entre tortelloni et tortelloni ?
Ecrit par : brigetoun | 26.09.2006
@ Brigetoun
très facile, les tortellonis sont gros, et les tortellinis sont petits.
les deux doivent leur forme à un cuisinier amoureux qui a voulu imiter le nombril de sa femme
Bologne a toujours été la ville de la sensualité
Ecrit par : céleste | 26.09.2006
merci - ma culture "pates" augmente - à vrai dire ce n'est ni les uns ni les autres pour moi, parce que c'est farci à la viande
Ecrit par : brigetoun | 28.09.2006
@Brigetoun
non, c'est aussi farci à la ricotta ou aux légumes, à Parme, ils sont farcis au potiron et à la cannelle (exquis)
Ecrit par : céleste | 28.09.2006
Les commentaires sont fermés.