Vous souvenez-vous qu’il y a un an nous
avions été
figurants dans un film entièrement imaginé par l’acteur tamil Kamal
Hassan et réalisé par K.S. Ravikumar ?
C’était dans un studio de Chennai, au Tamil Nadu, le film s’appelait
Dasavathaaram.
On nous avait assigné des rôles de
scientifiques américains. Devant nous, Kamal Hassan, grimé en Georges Bush,
faisait mine d’interpréter un discours.
Un discours terrible dans lequel Bush annonçait le financement, mirobolant,
des recherches en vue de la guerre biologique.
Et nous, enfin nos personnages, acquiescions du bonnet et applaudissions
avec enthousiasme aux paroles belliqueuses et imbéciles du Président
guerrier.
Certains de nos amis sont de fervents admirateurs de Kamal Hassan et nous
savions, depuis le tournage, que l’acteur ne partageait pas les positions
sanguinaires de Bush, par contre, nous étions curieux de savoir dans quel
contexte apparaitrait la scène que nous avions tournée et surtout, si elle
ne serait pas coupée au montage !
Et ô joie, voilà qu’un ami nous assure nous
avoir vus, derrière Bush, opinant vigoureusement du bonnet, Fabio au milieu
et moi sur la droite.
Mieux encore, il nous donne une copie du film en DVD.
Dont voici l’extrait qui nous intéresse.
Étonnant non ?
Quant au film, réalisé avec un budget énorme et dont le tournage a duré des
mois, il a été un demi-succès.
Je ne l’ai pas encore vu en entier, mais il semblerait que sa complexité ait
surpris une partie public indien, habituée à des romances
sentimentalo-familiales, ou à des films d’action emplis de cascades, de
castagnes et de courses poursuites.
Le projet de Kamal Hassan, un des meilleurs
acteurs tamil et certainement le plus intellectuel d’entre eux, était
ambitieux.
S’inspirant de la théorie du chaos, plus précisément de l’effet papillon qui
consiste à dire que partant d’un événement, même minuscule, d’autres
événements s’enclenchent jusqu’à causer un chaos, il a voulu faire
comprendre que le tsunami a été provoqué par la mise à l’eau de la statue de
Vishnu des milliers d’années plus tôt. Le poids de cette statue, bannie par
un puissant disciple de Shiva, a créé la fissure au niveau des plaques
terrestres du continent asiatique qui fut à l’origine du glissement fatal de
2004.
Par ailleurs, dans ce film, Kamal Hassan interprète dix personnages
différents. Ce n’est ni un hasard ni un délire d’acteur mégalo. Les dix
rôles signifient que chacun d’entre eux était à la source d’une variation
dans le cours du destin. Ils sont étroitement liés les uns aux autres, comme
les mailles d’un gigantesque filet, celui de l’histoire des hommes. Sans
l’un, l’autre n’aurait pas fait ceci, sans lui, l’autre ne serait pas
vivant…etc.
Et Bush dans tout ça ?
Je ne sais pas encore.