Small Things Productions

2008

Quand les mots anciens ne se forment plus sur la langue, des mélodies nouvelles surgissent du cœur; et là où les vieilles pistes ont disparu, un nouveau pays se révèle avec ses merveilles.

Rabindranath Tagore, "Gitanjali"

LES TEXTES:

(ON THE ROAD)

Le voyage du 14 juillet
Intermède
La valeur d’une vie
Dasavathaaram : the clip
Rentrer

(KHAJURAHO)

Une Espagnole, un Italien et une Française se retrouvent dans un hôtel à Khajuraho…

Khajuraho : l’école de langues, les préliminaires
Khajuraho, les temples
Khajuraho : l’école de langues, le lancement
Khajuraho : considérations diverses
Khajuraho, l’école de langue, du rififi chez les guides !
Pushpa et Poolan, indiennes

(CHENNAI)

Prema Vasam (la maison de l’amour)
Prema Vasam : The Queen
Prema Vasam : le terrain
Retour à Prema Vasam
Les filles de Prema Vasam

(VELLANAD, TRIVANDRUM, KERALA)

Namaste : l’anniversaire, les préparatifs
Namaste: la fête
Casa delle Mamme : faire le point (1)
Casa delle Mamme : faire le point (2)
Casa delle Mamme : faire le point (3)
Casa delle Mamme : faire le point (4)
Malavila
L'hôpital (1)
L'hôpital (2)
L'hôpital (3)
Raju

LES PHOTOS:

cliquer ici

LES VIDEOS:

cliquer ici

Cerca / Recherche / Search

CERTAINS DROITS RESERVES:
Creative Commons License

Namaste : l’anniversaire, les préparatifs

Ambiance frénétique au siège de l’association. Une grande fête est en préparation. Elle doit avoir lieu cet après-midi et tous s’activent à sa réussite. Un spectacle exécuté par les enfants des family house est prévu, il sera suivi d’un dîner offert à tous et d’une réception plus intime avec les membres du staff et les amis de l’association.

Autant j’aime les fêtes et je suis contente d’assister à ces préparatifs, autant son objet me laisse perplexe. Il s’agit de célébrer, visiblement en grande pompe, l’anniversaire d’une bienfaitrice italienne, venue sur place pour l’occasion.

S., c’est son nom, nous ne la connaissons pas encore, nous savons seulement qu’elle s’est, depuis quelques mois, entichée de l’association pour laquelle a déjà versé des sommes importantes et fourni un nombre impressionnant de sponsors fortunés.
S. est riche et, semble-t-il, généreuse.

Pour fêter ses cinquante ans elle a alloué une confortable quantité de roupies à l’association avant de se retirer pour une semaine dans un luxueux hôtel de la côte, laissant au staff de Namaste le soin d’organiser les réjouissances.
Elle arrivera cet après-midi, à 4 heures, pour donner le signal de départ des festivités.

Mauvais esprit comme je suis, je ne peux m’empêcher de penser qu’une association caritative n’est pas un comité des fêtes et qu’il y a mieux à faire avec plusieurs milliers de roupies que de célébrer le jour de sa naissance.
D’autant que parmi les invités de la sauterie figurent une collection de curés des environs car, me dit-on, la dame goûte particulièrement la compagnie des ecclésiastiques.

Heureusement les quelques réserves que j’émets trouvent un écho joyeux chez Deborah.
Deborah est une adorable jeune femme, pleine d’enthousiasme, d’humanité et d’humour (sans compter un remarquable savoir faire avec les enfants et un sens aigu de l’organisation) qui travaille comme volontaire au siège de Namaste depuis 4 mois.
Nous ne la connaissions pas non plus avant mais entre elle et nous le courant passe immédiatement.
D’ailleurs, pour participer au spectacle, elle a enseigné la Bella Ciao au groupe des enfants du 5th standard (CM2).

Il semblerait que l’énergie et le volontarisme de S. aient littéralement submergé les membres de Namaste qui n’ont rien pu faire d’autre que d’obéir à ses directives.
Et puis une fête, c’est toujours amusant, ce n’est pas moi qui dirait le contraire.

Néanmoins, me souffle ma conscience gauchiste, quelle superficialité d’afficher ainsi sa fortune ! Les maharadjas d’antan et les occupants anglais ne faisaient pas autrement pour éblouir la plèbe.
Il est rare aussi que tel étalage n’attire point les demandeurs de tous poils et je subodore, méchamment peut-être, que bon nombre des acteurs adultes de la fête a dans l’idée de défendre un petit (ou gros) intérêt personnel.

La matinée se passe à accrocher des guirlandes et répéter la Bella Ciao avec les enfants.

Vers 3 heures les premiers participants arrivent. Ils viennent de Poonthura, une ville désolée, posée au bord de la mer, envahie par les déchets et dont la principale source de revenus est la pêche, l’ingrate qui laisse trop souvent les hommes inoccupés picoler en jouant aux cartes avant de rentrer à la maison complètement bourrés et frapper leurs femmes. La situation est y est tellement difficile que la police a renoncé à pénétrer dans certains quartiers. Namaste est très active dans la ville, de nombreux enfants sont soit placés dans des family house soit sponsorisés dans leurs propres familles.
En ce jour de fête ils sont venus étrenner la fanfare, nouvellement crée et entièrement financée par S.
Qui, soyons honnêtes, a eu une excellente idée, les adolescents qui composent « the band », sont ravis et en quelques semaines ils ont appris à jouer en rythme et avec enthousiasme.


Puis arrivent les enfants des family house et nos petits de la Casa delle Mamme qui doivent exécuter une danse dont nous avons vu hier soir la répétition générale, quand à peine arrivés, nous sommes passés les saluer chez eux.


A quatre heures le public, sur son trente et un, est assis. Les enfants sont déguisés et maquillés. L’énorme gâteau d’anniversaire a déjà commencé à fondre. Les musiciens sont en position devant la grille. Fabio a sa caméra sur l’épaule. Les chanteurs connaissent la Bella Ciao par cœur (ce qui n’est pas si facile quand sa langue maternelle est le malayalam). Les nuages retiennent leur chargement de pluie. Tout le monde est là, sauf la principale intéressée.
L’attente commence…

     
Small Things Productions

2008

Claudine Tissier & Fabio Campo