Les résultats de tous les examens en main, y
compris la radio que l’on nous a remise encore humide de son bain et que
nous avons dû agiter plusieurs minutes sous un ventilateur, nous retournons
voir la jeune femme médecin. Malgré la foule indisciplinée qui se presse
devant son bureau, elle prend le temps de nous expliquer en anglais que
Sharat est probablement atteint d’une hépatite, qu’elle n’est actuellement
pas en mesure d’en déterminer ni la cause ni la catégorie mais que son état
nécessite une hospitalisation.
« Moi aussi, j’ai eu une hépatite il y a quelques années dit Taddeus, je
suis resté ici pendant deux mois »
Le pauvre Sharat ne dit rien mais je le vois se décomposer. Nous tentons,
péniblement car nous sommes inquiets, de lui remonter le moral.
Passées les formalités d’admission nous arrivons en
délégation dans la grande salle commune où un lit lui a été attribué.
Un lit et un matelas dont les fibres végétales s’échappent du plastique vert
élimé qui le recouvre, rien d’autre, pas de drap, pas de serviettes.
Pas de repas non plus, ceux-ci sont à la charge des malades. Ce sont donc
les familles qui y pourvoient en apportant chaque jour des récipients de
nourriture.
Même si ses murs sont lépreux et son dallage maculé, la salle est immense,
lumineuse, aérée. Les lits sont suffisamment éloignés les uns des autres
pour que les malades ne souffrent pas de promiscuité. Tous, ou presque, sont
accompagnés d’un membre de leur famille qui dort sur une natte déroulée sous
leur lit.
Au bout de la salle, alignés derrière une table les médecins et les
infirmières (et infirmiers) veillent sur les malades. Ils sont là en
permanence.
L’un d’entre eux, un homme jeune et sympathique vient longuement ausculter
Sharat et consulter les résultats des examens. Par son savoir faire et l’attention
qu’il porte à notre malade il nous inspire immédiatement confiance.
Il confirme qu’il s’agit d’une hépatite, probablement de type A. Il ajoute
que celle-ci étant à son commencement il sera aisé de la guérir.
J’ose, en craignant la réponse, lui demander quel sera le temps d’hospitalisation
nécessaire.
« Two or three days »
Le visage de Sharat s’illumine.
Taddeus part acheter la nourriture et des médicaments. Certains sont fournis gratuitement par l’hôpital, d’autres non. Même si les prix sont bas il est certainement très difficile, voire même impossible aux plus pauvres de les acheter. Il en est de même pour certains soins. Les opérations, par exemple, ne sont pas gratuites. Il existe des structures d’aide aux plus démunis mais, peu nombreuses et désorganisées, elles sont d’une efficacité très limitée.
Les patients de cet hôpital viennent des classes basses (mais pas très basses) et moyennes de la société. Les riches vont dans des cliniques privées qui proposent un accueil comparable à celui des meilleurs hôpitaux occidentaux.
Ici, les conditions d’hébergement laissent à désirer mais la qualité des soins est bonne. Les médecins sont compétents et le matériel à leur disposition performant.
A suivre